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[Laurent P.]

Bonjour,

Je réunis plusieurs questions dans un même post pour ne pas polluer le forum.

1) Lorsque l’on me demande d’où viennent les arômes retrouvés dans le vin, j’explique qu’il est bien entendu que l’on ne jette pas 1kg de café au pied de la vigne ou que l’on ne met pas du mimosa dans les fûts. J’explique alors les arômes que dégagent le raisin suivant l’âge de la vigne, le cépage et le sol, la vinification et l’élevage…je donne toujours l’exemple suivant : une pomme de terre ne sent pas la pomme de terre uniquement, c’est trop facile, elle sent peut-être l’humidité, la terre, l’amidon…je voulais savoir si c’était juste et si l’exemple donné était bon par exemple.

2) Lorsqu’un vin à un arôme de noisette par exemple, est-ce que les molécules qui font le parfum de la noisette se retrouvent dans le vin aussi ?


3) Une question toute simple peut-être mais à laquelle je n’ai pas su trop répondre c’est « mais ca sert à quoi de savoir, mis à part si le vin est bon ou pas, nous plaît ou pas, qu’il a des arômes de vanille, mimosa, œillet, confiture de cassis, sel de céleris et compote de pomme bled au petit raisin ? » j’ai répondu que ca servait pour reconnaître un vin à l’aveugle et définir peut-être d’ou il provient, le type de sol…en faire un peu sa carte d’identité. On ma alors répondu « oui ok, c’est un jeu de devinette quoi ? » La j’ai juste dis « ben…ca sert peut-être aussi pour l’accord mets et vins… » qu’en pensez-vous ?

Merci

[Frédéric B.]

Certains arômes sont considérés comme des défauts du vin, ou en tout cas comme négatifs, et les identifier peut permettre justement de mettre le doigt sur tel ou tel défaut... par ex. pomme blette pour l'oxydation, oeuf pourri pour la réduction, etc. Sûrement aussi pour les accords mets/vins.
Après, pour le reste, on peut considérer ça comme un jeu, mais c'est aussi une reconnaissance d'arômes que l'on trouve dans la nature... Il est difficile de répondre à celui qui demande à quoi sert de reconnaître le litchi dans un Gewurz. Disons que ça fait partie de la dégustation, tout autant que des non initiés mettront eux aussi des mots dans l'idée qu'ils ont du vin: "ça pique", "c'est doux", "ça arrache", etc., ce sont aussi des impressions, ni plus ni moins étranges que le fait de sentir du citron, du beurre, du miel dans un blanc, ou du cassis dans un rouge.
Après, je comprends que pour un profane, entendre parler de cuir de Russie, de graphite, de caillou, de pétrole pour un vin peut sembler absurde, voire snob.
Personnellement, je suis passé au travers du miroir sans trop m'en rendre compte, mais je sais qu'il y a longtemps, je trouvais aussi ça un peu abscons...

[Laurent P.]

Merci beaucoup pour votre réponse, et pour la 1 et la 2?

[Jean-Pierre NIEUDAN]

Pour répondre plus précisément à tes questions :

1 : je te rejoins sur ton explication , sachant que la plus simple est la meilleure ( la plus compréhensible ..)

2 : je te mets un lien http://www.cyberpresse.ca/vivre/vins/20 ... ulaire.php
François Chartier est un spécialiste de la question , lis cet article
et si tu veux en savoir plus je te conseille ses livres : http://www.amazon.fr/s/?ie=UTF8&keyword ... o2rm4wxy_b
c'est passionnant

jpierre

[-JU-]

A propos de la question 3 :

Pour ma part, reconnaître les arômes d’un vin est certes un jeu de piste qui me plait beaucoup mais non uniquement. Si le caractère ludique de la dégustation à l’aveugle rythme certaines soirées à merveille, je pense que savoir reconnaître certaines saveurs comme savoir appréhender certains critères qualitatifs revient à comprendre un vin et à l’apprécier à sa juste valeur. J’ai remarqué que le profane ne posait pas son attention sur certaines choses essentielles selon moi. De grands vins (non pas en terme d’étiquette mais une fois dans le verre) ne sont alors pas appréciés à leur juste niveau.

De plus, comment choisir un vin pour se faire plaisir si l’on ignore ce qu’il va offrir ? Je crois que j’aime le riesling pour sa palette aromatique ainsi que pour son équilibre dynamique. Goûter et parler du vin c’est le comprendre et apprendre à l’apprécier. Si selon moi, une bouteille de vin ne peut pas être comparée à une œuvre d’art, je rapproche cependant ces deux domaines pour la question de l’appréciation. Je crois que l’on peut passer à côté d’une toile de maître comme l’on peut passer à côté d’un vin grandiose. Tout simplement parce que l’on n’a pas la culture. Après, bien entendu, il y a les « œuvres » dont on tombe amoureux sans en connaître la raison, mais au prix de combien d’autres incomprises ?


Pour revenir au vin à travers un exemple simpliste : Le novice aime le bois neuf et expressif, presque écrasant. Il ne perçoit pas l’absence de typicité, le défaut de fruit, ni même le caractère monolithique de cette expression car il ignore le plus souvent l’origine de cette arôme ainsi que la considération que l’on peut lui porter. L’amateur est plus à même de juger judicieusement car il sait un peu analyser et comprendre l’origine et la qualité de ce qu’il déguste. Il se rend mieux compte de la complexité etc. Bien entendu, tous les goûts sont dans la nature ; mon explication est simpliste et généraliste mais j’espère qu’elle apporte un nouvel argument.

Cordialement
JUlien