CROUSEILLES. Les vins issus des meilleures parcelles de Pacherenc du Vic-Bilh se dévoilent
C'est son grand-père Georges qui lui a appris à tailler la vigne. Le b.a.-ba du métier. Vigneron et producteur laitier, Alain Lasserre est issu d'une famille qui a toujours travaillé la terre, le cep et le raisin, sur les coteaux de Crouseilles.
Ses plus lointains souvenirs d'enfance sont indissociables du chai et du pressoir familial, auxquels ont succédé, il y a une cinquantaine d'années, les installations de la cave coopérative.
Ici, le pacherenc du Vic-Bilh donne un vin moelleux qui accompagne avec bonheur le foie gras et le fromage des Pyrénées. Une gourmandise qui se décline aussi en sec et dont tous cherchent à tirer le meilleur, dans ce coin du Sud-Ouest niché au coeur d'un triangle d'or gastronomique, entre Béarn, Gers et Landes.
Tous les ans, aux enchères
Depuis 2002, cette quête du Graal vinicole trouve une expression originale. À l'initiative des Producteurs de Plaimont et de la Cave de Crouseilles, une vingtaine de vignerons choisissent chaque année de travailler leur meilleure parcelle afin d'y produire, chacun à sa façon, une barrique de vin d'excellence. Quitte pour cela à tester quelques recettes personnelles : sur la taille, la vendange, la vinification.
Un long travail qui trouve son aboutissement en juin de l'année suivante avec une première sélection opérée, à l'aveugle, par un jury composé de techniciens ainsi que des candidats aux Barriques d'or. Les meilleurs vins sont désignés. Les autres voient leurs manques et leurs qualités analysés. Pour que la réflexion commune profite à toute l'appellation.
Enfin, à l'automne, les barriques retenues sont mises aux enchères lors d'une vente organisée au château de Crouseilles. Restaurateurs, cavistes, acheteurs représentant les grandes surfaces, amateurs éclairés, y participent. « Une année, on a même accueilli quelqu'un de Hong Kong. »
Le bénéfice réalisé sur la meilleure vente permet de financer un projet de mise en valeur du Vic-Bilh. Telle, l'an passé, la rénovation du vieux lavoir de Portet. Car, ainsi que l'explique Denis Degache, le directeur de la Cave de Crouseilles, cet événement est surtout destiné à mettre en valeur le vignoble et ses marques : Grains de givre et Prélude à l'hivernal, des pacherencs de récolte tardive ; ou encore le Saint-Albert et le Saint-Martin, que l'on retrouve chez les Producteurs de Plaimont.
Haute couture
Alain Lasserre ne sait pas ce que donnera le résultat final. Mais c'est déjà un homme heureux : il fait partie des 13 sélectionnés dont les barriques seront mises aux enchères lundi matin à Crouseilles.
Son raisin provient du lieu dit Toulet. Une parcelle de petit manseng dont le sol argilo-siliceux est composé de gravettes - traduisez : de petits cailloux qui lui permettent de bien filtrer l'eau tombée du ciel, de se réchauffer vite et de favoriser une maturation précoce des grappes.
La première fois qu'il avait concouru pour les Barriques d'or, le vigneron béarnais avait vendangé un peu tôt : début novembre. Son vin, bien que sélectionné, avait convaincu moins que d'autres les palais des dégustateurs. Pas question de faire deux fois la même erreur : « C'est comme à l'école : quand la bonne note ne suit pas, il faut chercher d'où vient le problème. » L'an passé, il a donc attendu quinze jours de plus.
Sa tâche ne s'est pas limitée au seul calendrier. Effeuillée côté soleil levant pour permettre aux grappes de profiter au mieux de leur exposition, la parcelle de vigne de Toulet a été travaillée avec patience. Jusqu'à ce que les grappes, vendangées à la main et déposées sur des cagettes ajourées pour éviter l'oxydation, soient confiées à la Cave, qui a pris le relais. De la haute couture. Le verdict tombera demain.
Jean-Jacques Nicomette
http://www.sudouest.com/accueil/actuali ... 30728.html