Dans le cadre d'une conférence sur la consommation des vins rouges en France, Brice Eymard, spécialiste du marketing du vin chez InterRhône a présenté à Vinitech à Bordeaux une synthèse de plusieurs études.
Premier étonnement, bien que l'on soit en France, bien que l'art de la table y règne en maître, bien que le vin rouge français en soit l'étendard, les consommateurs français ont une connaissance très relative de la culture du vin. «Malgré une image d'Epinal, les consommateurs français ne maîtrisent pas les codes du vin de l'Hexagone», explique Brice Eymard.
Complexité
Ils ont toutefois des excuses, puisque le code, la classification des vins rouges français répond, entre cépages AOC, vins de pays et classification des crus à une logique comptant quelque 600 classi- fications. Dès lors, il devient difficile pour le profane, le consommateur occasionnel, d'y voir clair dans cette imbroglio de qualificatifs.
Tous les Français ne sont pas égaux face à leurs vins rouges. Si au pays de la Déclaration des droits de l'homme l'inégalité face à la connaissance du vin dépend de la classe sociale, elle est surtout liée à la classe d'âge. Ainsi, les enquêtes ont démontré clairement que si les hommes de 40 à 50 ans disposent d'une relative bonne connaissance des vins rouges, ceux de 30 à 40 ans ont des compétences qui en font parfois des illettrés du vin.
En clair, ils savent apprécier un bon vin lorsqu'il est dans leur verre, mais ne savent ni le choisir ni le reconnaître. Cela est d'autant plus problématique que 77% des vins rouges consommés en France sont achetés en grandes surfaces où le conseil à l'achat est très restreint voir absent.
Achat difficile
Dès lors, cela conduit à des situations où les consommateurs acquièrent du vin en méconnaissance de cause. Ils ne savent pas mettre un nom sur le type de vin qu'ils apprécient. Ainsi, leurs critères d'achat sont incertains et le risque d'être déçu important.
Un risque dont la première conséquence est une diminution de consommation. D'où l'intérêt de toute la filière vitivinicole d'avoir face à elle des consommateurs avertis, et si cela n'est pas le cas, de prendre des mesures didactiques nécessaires à combler les lacunes des consommateurs. C'est d'ailleurs à cela que travaillent les commerces.
Confusion
De nombreux consommateurs n'ont pas une idée claire de ce que signifient les AOC, de l'existence d'un cahier des charges. Les notions de vin de table, de vin de pays, de crus, de grands crus, de cépage, d'assemblage font l'objet de multiples représentations erronées.
C'est particulièrement le cas de 36% des consommateurs dits occasionnels con- sommant du vin en moyenne trois fois par mois. Certains de ces derniers avouent leur hésitation à acheter du vin, non qu'ils ne l'apprécient pas, mais parce qu'ils se sentent incompétents à le faire.
Image positive
Malgré cela, ils relèvent que pour eux le vin a une image très positive. Ils citent entre autres: le plaisir olfactif, la détente physique, la bonne humeur, le rire, la convivialité, l'aspect enivrant, l'euphorie, la tradition, la terre, le partage comme de valeurs contribuant à leur faire apprécier le vin. Et, fait réjouissant, ils ne demandent qu'à en savoir plus.
Source : Christian Pidoux agrihebdo