Il existe aujourdâhui plusieurs procĂ©dĂ©s permettant de rĂ©duire le degrĂ© dâalcool dâun vin. En parallĂšle avec la lutte contre lâalcoolĂ©mie, on ne peut non plus sâempĂȘcher de se demander si ces boissons ont des dĂ©bouchĂ©s, et lesquels.
Le point sur les pratiques et les degrés
Il est aujourdâhui de moins en moins rare de voir des vins titrant Ă 15°. En Californie, certains vont mĂȘme jusquâĂ 16° dâalcool. La faute aux critĂšres, aux standards, qui Ă©voluent, aux critiques qui rĂ©clament des vins mĂ»rs, charpentĂ©s, ronds. Les vendanges sont donc plus tardives, pour rĂ©colter des fruits plus mĂ»rs, plus sucrĂ©s, et ce âplus de sucreâ va se traduire au sortir de la vinifaction par âplus dâalcoolâ.
Sachez aussi que de trĂšs nombreux vignerons nâhĂ©sitent pas Ă profiter de la marge dâerreur acceptĂ©e par lâINAO concernant le degrĂ© indiquĂ© sur les Ă©tiquettes. En effet, lâInstitut accepte une erreur de 0,5%, voire de 1° dans les faits (on nâest pas Ă lâabri dâune mesure erronĂ©e). Ce nâest pas un demi degrĂ© qui va beaucoup changer la donne, mais en terme dâimage, de marketing, entre 14° et 15°, lâimpact sur le consommateur nâest pas le mĂȘme.
Autre pratique courante : couper le vin, avec un vin issu dâune autre parcelle, plus faible en alcool (certains cĂ©pages sont connus pour donner moins de sucre). Pour les dĂ©tails sur la vinification, le goĂ»t, etc., laissons cela aux oenologues et aux maĂźtres de chais, qui, gĂ©nĂ©ralement, savent ce quâils font.
Notons tout de mĂȘme que, si le vigneron coupe un vin, ou se sert de la marge de manoeuvre dont il dispose sur lâĂ©tiquette, câest quâil pense que son vin est trop fort pour le marchĂ©.
Dans la tĂȘte du consommateur de vins
Est-ce Ă dire que le consommateur est attirĂ© par des vins moins forts ? Les fabriquants de machines de dĂ©salcoolisation assurent quâil veut des vins entre 9 et 12°. En mĂȘme temps, câest leur mĂ©tier que de dire cela. Toutefois, on peut avancer sans trop de craintes quâun trop fort degrĂ© fait peur au consommateur. 15°, câest rĂ©dhibitoire selon lâappellation concernĂ©e. Sur un CĂŽtes-du-RhĂŽne Villages, on sây attend. Sur un Sancerre, on va avoir du mal.
Car lâacheteur a des a priori sur le degrĂ© dâun vin, en fonction de sa rĂ©gion dâorigine. Logique, si lâon pense Ă la diversitĂ© de climats et de niveaux dâensoleillement entre les rĂ©gions viticoles. Et il a aussi des a priori sur le degrĂ© dâun vin tout court : entre 11° et 15°.
En effet, il nâest pas faux de supposer que, en-dessous de 11° dâalcool, le consommateur Ă©met des doutes sur la qualitĂ© du vin, surtout pour un vin rouge, sur sa rondeur, ses tanins, son corps, il sera peut-ĂȘtre âtrop vertâ. Sans compter que les vins dĂ©salcoolisĂ©s ont la rĂ©putation (en grande partie Ă juste titre) dâavoir perdu en arĂŽmes, en goĂ»t.
La rĂ©ponse de lâINAO
LâINAO semble confirmer ces dires, en stipulant quâun vin dĂ©salcoolisĂ© Ă plus de 2° (passĂ© de 13 Ă 10,5, par exemple) nâa plus le droit dâĂȘtre commercialisĂ© sous le nom de âvinâ, mais de âboisson alcoolisĂ©e Ă base de raisinâ. Et il est dur dâobtenir une appellation si lâon dĂ©salcoolise son vin : câest quasiment peine perdue pour lâAOC, il reste les appellations Vin de table ou Vin de pays, si les conditions de production sont respectĂ©es.
La morale de cet article : un vin fort fait peur, mais ne fera sĂ»rement jamais autant peur quâun vin dĂ©salcoolisĂ©, car le vin âau naturelâ, mĂȘme fort, reste le fruit du travail dâun homme sur sa terre, le produit de ses dĂ©cisions, ce qui fait quâun vigneron français ne fera sans doute jamais un vin qui titre Ă 16° ; alors quâun vin dĂ©salcoolisĂ© est passĂ© par des machines qui restent âbizarresâ, par des procĂ©dĂ©s, chimiques, physiques, qui nous semblent si peu naturels, mais tellement âdĂ©naturantsâ.
Source : http://www.findawine.com/blog/2011/04/2 ... -des-vins/