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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Le tonnelier charentais vient d'acquérir le Château de Candale.

Ce n'est pas tous les jours que des liens viticoles sont tissés entre les Charentes et le Bordelais. Certes, les tonneliers installés à Cognac y vendent des fûts depuis des lustres, mais il est bien plus rare que des capitaux charentais soient investis dans du foncier girondin.

C'est le pas que vient de franchir Jean-Louis Vicard en achetant le Château de Candale, à Saint-Émilion. « Depuis des années, l'idée d'acquérir un vignoble me taraude l'esprit. À force de conseiller les clients vignerons sur le choix de telle ou telle barrique par rapport à tel vin, j'avais envie de passer moi-même à la pratique. J'ai visité des dizaines de propriétés dans le Libournais et je suis fixé sur Candale depuis des mois, mais il a fallu négocier », explique celui qui représente, avec son frère Jean-Charles, la sixième génération à la tête de cette tonnellerie installée à Cognac.

Ils ont succédé à leur père, Jean, aux commandes de cette société qui produit près de 50 000 barriques par an pour 30 millions d'euros de chiffre d'affaires réalisé aux deux tiers à l'exportation.

Relancer le château

Château de Candale est une propriété à taille humaine : 11,5 ha de vignes pour un petit chai fonctionnel, en bon état. Le vendeur est Stephen Adams, homme d'affaires américain qui avait fortement investi depuis le début de la décennie en Libournais où il a possédé plusieurs propriétés (Fonplégade à Saint-Émilion, L'Enclos à Pomerol…).

Âgé, l'homme semble se désengager d'une partie de son patrimoine. Il vient également de vendre le Château Lagarosse (Tabanac, dans les Côtes) à un Hongkongais, Chung Keung Steve Loo.

Secteur concurrentiel

« La marque Candale est peu connue sur la place de Bordeaux et je vais mener tout un travail pour relancer cette belle endormie », annonce Jean-Louis Vicard, qui va déménager en famille à Bordeaux. « Le premier vin sera aux environs de 30 euros la bouteille, et le second, Roc de Candale, entre 13 et 15 euros . » Les étiquettes sont complètement revues. Des chambres d'hôtes sont également prévues (la place existe pour cinq appartements), ainsi qu'une restauration de la belle bâtisse principale en pierre.

« Si cet achat est un projet personnel, le Château de Candale servira aussi de tête de pont pour les activités de notre tonnellerie familiale dans le Bordelais. Dans ce secteur d'activité très concurrentiel, il reste beaucoup à faire. Nous avons des parts de marché à gagner dans ce vignoble », précise le nouveau propriétaire qui s'occupait jusqu'alors de l'exportation chez Vicard. Cette acquisition à Saint-Émilion amène des aménagements dans l'organigramme de la société. Jean-Louis Vicard devrait à l'avenir passer un tiers de son temps sur la propriété et deux tiers à vendre des fûts en Gironde.

Présentation aux primeurs

Si le Charentais compte s'occuper lui-même de trouver des clients pour son second vin, il est prévu que le premier soit écoulé via le négoce de la place bordelaise. D'où l'intérêt stratégique de le présenter lors de la Semaine des Primeurs, qui aura lieu cette année la première semaine d'avril.

Même si le transfert de propriété du Château de Candale date de janvier, le tonnelier avait déjà supervisé la vendange 2010, avec pour conseiller, le très demandé Stéphane Derenoncourt (et son équipe), un spécialiste des vins de la Rive droite de la Garonne. C'est dans le cadre de son association - La Grappe - que le Château de Candale doit faire ses premiers pas dans sa nouvelle vie en avril prochain pour les primeurs.

César Compadre
http://www.sudouest.fr/2011/02/08/jean- ... 63-882.php