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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Christophe Peyrus se souvient de l'époque où il vendait son vin 10 F au marché du coin. Aujourd'hui, ce vigneron en Pic Saint-Loup, au nord de Montpellier, est une star et les importateurs japonais et américains rivalisent pour en obtenir, à dix fois le prix. Pourtant, ce succès le laisse encore sur sa faim. La récompense qui lui importe le plus continue à lui échapper : un classement au sein d'une appellation reconnue.

Actuellement, ses vins et ceux de ses voisins, très prisés, bénéficient seulement de la vaste AOC régionale « Côteaux du Languedoc ». Ils peuvent ajouter la dénomination « Pic Saint-Loup » sur l'étiquette.
« Depuis une vingtaine d'années, nous sommes montés en puissance à tous les niveaux. Aujourd'hui, on a besoin de franchir

un nouveau pas » et le classement en AOC traduirait « tout le travail qui a été fait en amont », explique-t-il.

Ce classement ne relève pas d'une nécessité économique, c'est devenu une question de principe : « Nous la méritons », affirme-t-il, s'exprimant au nom de la trentaine de vignerons qui ont initialement déposé une demande en ce sens auprès de l'INAO (Institut national de l'origine et de la qualité), en 2002.

Le redouté critique américain Robert Parker voit même le Pic Saint-Loup comme l'une des régions « les plus prometteuses ».
« Dans le meilleur des cas, le classement peut prendre cinq ans », note Gilles Flutet, responsable de la délimitation des AOC à l'INAO. Mais aussi 25 ans, telle la dernière AOC reconnue en vin, le Saint-Pourçain.

Le Pic Saint-Loup a pris son essor dans les années 1970, quand l'agronome Jean Orliac est tombé sur une vallée étroite entre deux pics, recouverte de vignes à l'abandon. « Ça offrait un défi extraordinaire », explique-t-il. Pari réussi avec 70 hectares cultivés.

En 2006, l'INAO a donné un feu vert à la création de l'AOC sur 25 km2, laissant entendre que l'officialisation était proche. C'est alors que des vignerons installés dans les communes avoisinantes ont demandé une extension de l'aire pour en faire partie.

Pour les producteurs de la zone « historique », qui avaient travaillé dur pour se faire une réputation, il n'en était pas question. Les voisins devraient d'abord montrer, sur « dix ans au moins », ce dont ils étaient capables. Coup de théâtre en juillet, l'INAO annonce qu'à moins d'intégrer les voisins, il n'y aura pas d'AOC. La pilule est amère mais à l'issue d'une réunion houleuse, l'ultimatum est accepté. L'officialisation pourrait intervenir dans le courant de l'année.

http://www.midilibre.com/articles/2011/ ... 28199.php5