Index du forum ‹ Les rubriques ‹ Histoire du vin et de la vigne... découvrir le vin, l'aborder, s'informer ‹ Histoire de vin ‹ Presse du vin

[Jean-Pierre NIEUDAN]

Organisée par le Conseil général des Bouches du Rhône, la Chambre d’agriculture et l’Association des sommeliers Alpes-Marseille-Provence (Asamp) au profit des sept appellations du département (1), la traditionnelle présentation du millésime est l’occasion pour les vignerons provençaux de mettre en valeur leur savoir faire mais aussi d’étalonner leur production par rapport à la concurrence.

Dédiée aux professionnels, la manifestation qui s’est déroulée hier soir au "Vaisseau Bleu" a permis aux hôteliers, restaurateurs, cavistes et gérants de bar à vins, de découvrir toutes les caractéristiques du millésime 2010 grâce aux conseils avisés du parrain de cette 12e édition : Manuel Peyrondet.

Manuel Peyrondet, meilleur sommelier de France 2008 et sommelier au Royal Monceau, à Paris.

"Il s'agit de vins homogènes aussi bien dans la fraîcheur que dans leur côté digeste. J'ai également constaté un gros travail sur les rosés dans l'appellation Côtes de Provence Sainte-Victoire. D'une manière générale, je remarque que plus l'appellation est petite, plus il y a compétition et plus le niveau est élevé dans les trois couleurs.

ll leur suffirait de gagner un peu en élégance et en soyeux pour se permettre d'aller concurrencer des productions qui souffrent beaucoup actuellement, comme les Bordelais. J'y mettrais cependant quelques bémols. Je trouve tout d'abord que l'appellation Cassis se perd un peu dans les rosés au lieu de se concentrer sur les blancs.

"Je regrette également qu'il n'y ait pas davantage de vins rouges proposés, notamment dans l'appellation Coteaux d'Aix où 80% de la production est aujourd'hui constituée de rosés, alors qu'il y a 20 ans, les deux couleurs se partageaient. Je soulignerais enfin un point important: le consommateur boit de mieux en mieux et se montre donc de plus en plus exigeant. Les vins doivent donc contenir plus de raisin et d'authenticité, et un peu moins de technologie.

Il ne faut pas les formater afin qu'il répondent à un goût mais au contraire se battre pour les hisser vers plus de saveurs liées au terroir et pas aux levures qu'on y ajoute. La parcellisation va d'ailleurs dans le sens de l'émergence de vins de niche, culturellement très intéressants. Une chose est sûre : les consommateurs qui ont une certaine connaissance du vin partiront à la recherche de ces pépites".

Didier Pauriol, président de l'AOC Coteaux d'Aix-en-Provence et président de la cave coopérative Les Vignerons du Roy René, à Lambesc.

"Dans le domaine de la viticulture, c'est bien connu, les années se suivent et ne se ressemblent pas. 2010 est un millésime compliqué car nous avons été confrontés à une maturité tardive. Un fait, c'est un millésime pour vignerons patients.

Ce qui n'est jamais facile à mettre en application car d'une manière générale, on aime bien rentrer assez rapidement la récolte en cave car elle est mieux protégée. Mais cette fois, ceux qui ont eu la patience et le courage d'attendre ont sans doute réalisé les meilleurs produits. En ce qui concerne les rosés, c'est-à-dire l'essentiel de notre production, nous avons obtenu des vins avec une bonne acidité, ce qui dans cette couleur, va leur permettre de mieux tenir dans le temps".

(1) Vins de Pays des Bouches-du-Rhône, AOC Côtes de Provence Sainte-Victoire, AOC Côtes de Provence, AOC Palette, AOC Cassis, AOC Coteaux d’Aix-en-Provence et AOC Les Baux-de-Provence

Philippe GALLINI
http://www.laprovence.com/article/regio ... ux-experts