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Depardieu : «J'aime les vins qui me racontent une histoire»

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Lun 6 Sep 2010 20:47

Acteur et vigneron, le grand comédien est propriétaire d'un vignoble dans la Vallée de la Loire. Il signe d'autres cuvées à Saumur, dans le Bordelais, le Languedoc, en Algérie...

Le Figaro Magazine - Quel rĂ´le le vin joue-t-il dans votre vie ?

Gérard Depardieu - Aujourd'hui comme toujours, le vin, c'est le verbe. A la différence près que l'ivresse ne m'intéresse plus. Dé sormais, je l'évite. Le vin, c'est essayer d'être intelligent. Boire revient à partager un flacon avec des amis et tenter de reconnaître, de voir, d'imaginer le vigneron qui se cache derrière.

En 1989, vous êtes devenu vigneron en Anjou, au château de Tigné. Votre regard sur le monde du vin a-t-il changé ?

Mon regard sur le monde du vin a changé, oui. Dans les années 1970, on ne faisait pas les mêmes vins. Les gens changent de goût aussi. Et puis, il y a tant de pays concurrents. Je me suis aperçu que l'Italie sait mieux vendre son vin que nous, en France. Nous avons des régions sublimes comme le Bordelais. Mais nous avons aussi l'Alsace, dont on ne parle pas souvent. La Vallée de la Loire, non plus. Tous ces vins sont magnifiques. Les Américains sont très forts pour défendre leur pinot noir, mais nous, pas assez en Bourgogne, son fief. Nous sommes un peu trop snobs par rapport à nos vins et à nos terroirs.

La loi Evin nous empêche de parler de nos vins dans les médias audiovisuels, radio, télévision. Qu'en pensez-vous ?

La loi Evin est ridicule. Ce n'est pas cette interdiction de parler de nos vins qui va faire diminuer le nombre de morts dues à l'alcoolisme. Les Italiens, eux, savent mieux que nous vendre leur vin et ils excellent dans le marketing du vin. L'Afrique du Sud, même chose. La Californie, c'est exceptionnel ! La consommation modérée du vin, c'est simplement une question d'éducation, comme apprendre à arrêter de polluer la nature. Il y a une vraie vérité dans le vin, celle du plaisir de la table.

« Le vin exprime une vérité », dites-vous. Cela explique-t-il que vous soyez devenu vigneron ?

On ne devient pas vigneron. On est ! Même chose pour le métier d'acteur. On ne devient pas acteur, on est acteur. Je me suis toujours intéressé à la terre et à ses fruits. Je suis aussi exigeant avec une pomme de terre, un chou-fleur, une betterave, une cerise, un abricot ou une pêche. Autant qu'avec le vin.

Etes-vous un militant des vins bio ?

Je ne pense pas que l'on puisse faire un vin écolo. Je suis pour la culture raisonnée, c'est-à-dire l'emploi intelligent de certains apports, additifs. La démarche bio est, avant toute chose, une réflexion sur les méthodes culturales. Bien sûr, il faut bannir les traitements chimiques ou en faire le moins possible. Par exemple, remplacer la « bouillie bordelaise », un pesticide à base de sulfate de cuivre, par de l'ortie ou bien en «raisonner» l'utilisation, c'est-à-dire employer des quantités minimes.

Comment vos goûts ont-ils évolué ?

J'aime les vins de soif, comme ça, en matinée. J'aime les vins qui me racontent une histoire. Il y en a plein. L'histoire d'un vigneron, l'histoire d'un pays. J'adore Haut-Brion, j'adore Pape Clément, Cos d'Estournel, Cheval Blanc. J'adore découvrir un petit vigneron qui n'a rien d'extraordinaire, mais dont le vin me parle.

« Le vin vous parle » : qu'entendez-vous ?

C'est un vin que l'on boit au moment où il faut, quand il faut. Tout vient à qui sait le boire ou qui sait l'entendre. Je n'ai pas le snobisme du millésime ni du vin. Je dis : «Ce vin est bien ou pas bien». Point.

Vous avez initié Jean Carmet à la vigne...

Je lui ai fait faire sa première cuvée. Il y a des gens qui parlent de vin, mais qui ne se sont jamais essayés à en faire. J'ai dit à Carmet : Pour ne pas être con, il faut en faire. Donc, fais ta cuve, prends ton risque.» J'ai toujours du 1989 de Jean Carmet, issu des vignes de Tigné. Il a laissé la nature parler. On avait une vision de la vie en commun. Donc du vin. Car le vin, c'est la vie. J'aime vivre des amitiés, des complicités à travers le vin comme avec Bernard Magrez, propriétaire bordelais. J'aime sa façon d'approfondir son terroir. Elle s'incarne à travers notre cuvée commune baptisée Ma Vérité, un haut-médoc 2005 issu d'une parcelle excellemment située. J'aime aussi valoriser les cépages autochtones : grolleau en Anjou, touriga nacional à Porto. Je n'aime pas planter les cépages à la mode... merlot et autres sauvignons.


Claudine Abitbol
http://www.lefigaro.fr/vins/2010/09/04/ ... stoire.php
La vérité est dans la bouteille ..( Lao Tseu )
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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