Elles ont goûté des milliers de bouteilles pour ne sélectionner que quelques centaines: pour les foires au vins, qui s'étalent de septembre à octobre, les grandes surfaces ont choisi cette année un peu plus
de bio et mettent en valeur leurs marques maison. Ces foires, dont les dates diffèrent selon les enseignes, permettent aux producteurs de se défaire de leurs stocks avant les vendanges.
Pour les distributeurs, elles représentent un chiffre d'affaires « d'environ 350 millions d'euros, soit 10% des ventes annuelles du rayon » en seulement une dizaine de jours, indique Laurent Thoumine, consultant à Kurt Salmon.« En province, une grosse partie de notre clientèle part avec un ou deux chariots pour remplir sa cave », témoigne Pascal Roché, le « monsieur vin » de Leclerc.En ville, où les gens ont moins de place, les supermarchés proposent plutôt des bouteilles pour une consommation immédiate. Monoprix veut ainsi se positionner comme une alternative aux cavistes, explique Jean-François Rovire, responsable des achats vin.C'est aussi l'occasion pour les distributeurs d'attirer une clientèle plus masculine. « Des maris qui ne mettent jamais les pieds dans le magasin viennent exceptionnellement », relate Christophe Coppolani, oenologue à Intermarché.
Dans cette mécanique bien huilée depuis les années 1980, quelques nouvelles tendances se dessinent, comme une présence croissante du bio. Franprix lui consacre un cinquième de son offre avec 18 références. Chez Intermarché (sept références bio sur 756 vins), « le critère de sélection, c'est d'abord la qualité des vins », pas s'ils sont bio, indique Ludovic Paternotte, responsable vins.Beaucoup mettent en avant une offre aux couleurs de l'enseigne: Les incroyables (Leclerc), Monoprix Gourmet, Reflets de France (Carrefour), Les partenaires (Système U) ou Club des sommeliers grandes réserves (Casino).
Applications iPhone
Des applications foire au vin pour iPhone sont disponibles chez Carrefour, Franprix et Leclerc. Les clients pourront dialoguer avec les oenologues d'Intermarché sur Facebook ou avec les acheteurs vin d'Auchan par e-mail. Mais le bon vieux catalogue papier reste l'outil-roi de communication, avec 17 millions d'exemplaires pour Carrefour, tandis que la presse magazine
multiplie les numéros spéciaux pour guider le consommateur.Côté conditionnement, Leclerc parie sur les capsules vissables. « Cela marche ans beaucoup d'autres pays », mais le consommateur français n'est pas encore prêt, reconnaît Corinne Henry Munoz, directrice des vins chez Carrefour.De manière générale, « il y a vraiment des bonnes affaires, un travail de fond qui est fait pour dénicher des crus particulièrement attractifs en rapport qualité-prix », estime M. Thoumine.D'autant que le millésime 2009 est réputé très bon en Loire, en Beaujolais et dans la vallée du Rhône, grâce à une excellente météo.
Les foires au vin sont surtout une bonne occasion pour « un public averti », relativise Jean-Paul Geai, rédacteur en chef du magazine Que Choisir, évoquant « des occasions de faire de bonnes affaires sur de grands vins, au milieu d'un océan de vins très quelconques ». Il conseille de se méfier des mélanges de millésimes en rayon et des médailles, pas toujours significatives. Il existe ponctuellement des problèmes « de disponibilité des vins, notamment sur des vins rares, d'appellations prestigieuses ou de producteurs ayant une grande notoriété, disponibles en petites quantités », indique un porte-parole de la DGCCRF.
Mais les distributeurs se focalisent surtout sur les prix accessibles. « Il y a une guerre des prix depuis près de trois ans. Ce n'est pas le moment de déséquilibrer l'assortiment avec des produits qui vont donner une image de cherté », analyse M. Thoumine.
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