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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Des plongeurs explorant une épave en Mer Baltique ont découvert plus de 30 bouteilles de ce qui semble être le plus vieux champagne encore buvable au monde. Il s'agirait de Veuve Cliquot des années 1780.

Christian Elkström et son équipe de plongeurs des îles Aland ont raconté samedi à Reuters avoir remonté une bouteille en espérant qu'elle leur permettrait de dater l'épave ou de trouver le nom du bateau. Ils l'ont ensuite débouchée pour en goûter le contenu.

«C'était fantastique. Il était très doux, avec un arôme de chêne et un autre très prononcé de tabac. Et il y avait de très fines bulles», a décrit M. Elkström.

«Nous sommes sûrs à 98% qu'il s'agit de Veuve Cliquot, probablement produit entre 1772 (année de création du producteur) et 1785», a estimé Elkstrom, selon qui la cargaison faisait route vers Saint-Petersbourg, alors capitale de Russie.

La bouteille et son contenu ont été envoyés à des experts français et la forme du flacon témoignerait de la fin du 18e siècle.

Une livraison de Louis XVI ?

«Une piste sérieuse est qu'il s'agit d'une livraison du roi Louis XVI au tsar russe Pierre le Grand. Le fabricant a trace d'un envoi qui n'est jamais arrivé à destination», a expliqué Ella Grüssner Cromwell-Morgan, une oenologue d'Aaland à qui M. Ekström a demandé de goûter le précieux nectar après sa découverte.

Si la date et la provenance sont confirmées, il s'agirait également du plus vieux champagne buvable au monde, un record actuellement détenu par un Perrier-Jouet de 1825 dégusté l'an dernier par des oenologues en Grande-Bretagne.

«La robe est d'un or sombre, ambré. Le nez est très intense, avec beaucoup de tabac, mais aussi des raisins et de fruits blancs, de chêne et d'hydromel. La bouche est vraiment surprenante, très sucrée mais avec tout de même de l'acidité», a décrit Mme Grüssner.

«Cela s'explique par le fait que le champagne était beaucoup moins sec à l'époque, où l'on maîtrisait mal le processus de fermentation», ajoute l'oenologue.

L'experte évalue la valeur de chaque bouteille à environ 500'000 couronnes suédoises (72 000 francs) comme prix de départ pour une mise aux enchères. «Mais s'il s'agit du vin de Louis XVI, cela pourrait dépasser plusieurs millions» assure-t-elle .

http://www.20min.ch/ro/news/insolite/st ... e-10116392

[vinosophe]

[Jean-Pierre NIEUDAN]

Du champagne bien conservé

Veuve Clicquot a pu examiner un seul flacon sur plus de 30 bouteilles de champagne retrouvées début juillet dans une épave au large de la Finlande, par 55 mètres de fond, près d'une épave d'un vieux gréement.
«La bouteille que nous avons examinée n'est pas du Veuve Clicquot, cependant la découverte présente un caractère historique remarquable», affirme Veuve Clicquot dans un communiqué.
Pour la maison champenoise, il s'agit «selon toute vraisemblance d'une bouteille champenoise datant du premier tiers du XIXe siècle».
«Après séchage, l'encre est bien visible, ainsi que la marque Juglar, du nom d'une Maison de Champagne châlonnaise désormais disparue», précise Veuve Clicquot.
«Pour ce vin, le temps s'est arrêté», estime Dominique Demarville, chef de caves chez Veuve Clicquot, qui a pu en déguster quelques millilitres.
«Il me semble que nous avons goûté un vin identique à ce qu'il était à l'origine», ajoute-t-il, précisant que «les conditions extrêmement favorables de conservation ont probablement stoppé son évolution.»

afp

[Jean-Pierre NIEUDAN]

L'homme qui l'a goûté

Dominique Demarville, chef de caves chez Veuve Clicquot, a eu « la chance de déguster quelques millilitres » de la bouteille entamée par les plongeurs en mer Baltique. À l'arrivée en France, le breuvage n'avait plus de bulles, mais les premiers consommateurs assurent que le produit avait une belle effervescence à l'ouverture de la bouteille.
« Ce champagne a des arômes intenses, puissants : tabac, tourbe, truffe, fruits sec, avec une note très sucrée. Il a conservé une très belle fraîcheur et acidité », s'enthousiasme le spécialiste. Conservé dans une eau à 4 °C, peu salée, à 50 mètres de fond (pression de six bars) dans une obscurité quasi-totale et en présence de très peu d'oxygène (qui participe au vieillissement du produit), « le champagne a bénéficié des conditions optimales pour être conservé, et a très peu évolué. On peut estimer que le vin et sa saveur restent aujourd'hui tels qu'ils étaient dégustés par les contemporains, entre 1800 et 1840 ».
Et cette saveur est sensiblement différente des boissons d'aujourd'hui : la teneur en sucre, entre 50 et 100 grammes, est importante. De plus, son côté aromatique est plutôt plus intense, son goût est plutôt plus boisé que celui des champagnes de notre époque. Pour Dominique Demarville, l'expérience est assez proche de sa dégustation d'un millésime de 1921. « Ce sont des champagnes d'une autre époque, aux saveurs de bois, qui ont su vieillir.

C.B.
http://www.lunion.presse.fr/article/aut ... i-la-goute