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" Bibere humanum est "

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Sam 17 Juil 2010 18:46

Le vin, la vigne en Gaule : une invention romaine ?
Pas tout à fait. Bien avant la conquête par Jules César, le vin est présent à Marseille. Les amphores retrouvées en grand nombre au large de cette ville en témoignent. Le commerce du vin grec est établi depuis au moins le VIIe siècle av. J.-C. Le commerce, mais pas la viticulture ni l'élaboration du vin. Quelques écrits romains décrivent l'existence d'une viticulture et de cépages qu'ils ne connaissent pas, mais fortement limitée en surface et sans doute plus apte à produire du raisin de table. On sait que les peuples gaulois sont très friands du vin que les Romains importent au cours de leur avancée. Les archéologues ont mis au jour des sites impressionnants de débris de jarres essaimés sur la côte méditerranéenne. Ces jarres étaient enduites à l'intérieur de poix, qui devait donner au vin un goût étrange. Certaines jarres parfaitement conservées, retrouvées en mer avec leur contenu, n'ont hélas pas été soumises à la dégustation par les archéologues. On ignore donc le goût exact de ces vins. Vers la fin du IIe siècle, les Gaulois ont inventé le tonneau (en bois et cerclé de bois), parfait pour le transport.

Plus que l'apport d'un savoir-faire, c'est la paix par les armées romaines qui permet le développement des vignobles et la production de vin en Gaule. La vigne, pour prospérer, a besoin de calme et de temps. Trouver des plants, chercher, isoler de la vigne à l'état sauvage dans les forêts - les ceps venus du sud de l'Italie ou de Grèce ne pouvant s'adapter aux climats plus septentrionaux -, défricher, planter, attendre les premiers fruits... tout cela est incompatible avec les guerres, les invasions, les dévastations. La Pax romana permet l'échange, le commerce et crée la demande. La Gaule devient pour le vin d'Italie ce que l'on espère de la Chine pour les vins de France d'aujourd'hui. En parallèle, les vignobles locaux gagnent du terrain.

Le phénomène est très rapide, incroyablement même quand on imagine les voies et les moyens de communication de l'époque. On sait Jules César minutieux dans sa description des pays traversés. Nulle part, dans " La guerre des Gaules ", il ne fait mention de vignobles. Jules rencontre les poignards de Brutus et de ses amis en 44 av. J.-C., mais un demi-siècle plus tard, à la mort d'Auguste, en 14 apr. J.-C., la vigne a déjà envahi le pays des Allobroges, c'est-à-dire la vallée du Rhône et les piémonts alpins. Un cépage nouveau (ou plus certainement plusieurs), évidemment baptiséallobrogica, fait son apparition, sorte d'arrière-grand-papa de la syrah de l'hermitage et de la côte-rôtie, peut-être aussi de la mondeuse savoyarde.

A la même époque, Strabon, géographe bien utile aux historiens, décrit la ville de Bordeaux et son activité portuaire sans noter de présence viticole. Mais Pline, moins de soixante ans plus tard, relève une forte présence du plant biturica, sans doute venu d'Espagne et ancêtre des merlots et cabernets.

Protectionnisme romain. Ce développement des surfaces cultivées en vigne est si rapide et si important qu'il concurrence sérieusement le vin venu de Rome. Le grand historien et géographe Roger Dion raconte qu'en 1852 fut trouvé dans les Vosges un vase en terre cuite datant du Ier siècle, sur lequel étaient gravés ces mots : " Parce picatum, da amineum ", ce qui signifie : " Laisse le poissé - c'est ainsi que l'on désignait le vin des Allobroges -, donne-nous de l'aminéen ", nom du traditionnel cépage romain (venu de Grèce). Déjà la nécessité de la publicité !

On a longtemps attribué à ce souci de préserver la viticulture italienne l'édit promulgué par l'empereur Domitien en 92 interdisant de nouvelles plantations et demandant l'arrachage de la moitié du vignoble gaulois. Preuve qu'en un siècle la vigne et le vin ont conquis en grande partie la Gaule. Sans doute Domitien n'était-il pas indifférent aux plaintes des producteurs transalpins, mais, depuis, Marcel Lachiver et d'autres (Jean-Robert Pitte, avec " Le désir du vin ", Fayard) ont montré que Domitien redoutait surtout que les surfaces en vigne empiètent trop sur celles cultivées en blé. Les hommes d'Etat d'alors s'intéressaient de près à l'agriculture. Autre époque

Jacques Dupont
http://www.lepoint.fr/culture/bibere-hu ... 5196_3.php
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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