Supprimer les droits de plantation et déréglementer à tout va ?
Les vignerons et les élus de l’assemblée des régions européennes viticoles (Arev), réunis à Porec en Croatie, ne sont pas vraiment pour…
Faut-il maintenir une réglementation avec le système actuel des droits de plantation ou libéraliser à tous crins comme envisage de le faire l’Union européenne dès 2015 ? Ce sujet sensible a nourri l’essentiel des débats lors de la session annuelle de l’Assemblée européenne des régions viticoles (Arev), à Porec en Croatie. Le président de la Région Champagne-Ardenne , Jean-Paul Bachy , réélu pour 2 ans à la tête de l’Arev , est sans ambiguïté : « Si l’on procède à l’extension des plantations , sans souci de préserver la qualité , le marché sera envahi par le bas de gamme ». En jeu : la préservation du modèle européen de la vigne , avec ce qu’il symbolise de qualité , d’authenticité et de diversité .
Une Champagne autogérée ?
C’est justement cette diversité qui a suscité des discordances même si , en Croatie , Ghislain de Montgolfier , le président de l’Union des maisons de champagne (UMC), s’est finalement rallié à la majorité tout comme Alain Anselme , le nouveau directeur du Syndicat général des vignerons (SGV). Mais le président de l’UMC n’en a pas moins prôné une réglementation qui laisse la place à une certaine « autogestion » pour le champagne . Au final , la résolution adoptée par l’Arev demande le maintien du cadre général des droits de plantation , mais aussi celui du cadastre viticole et celui des règles d’étiquetage différenciant les AOP/IGP et les autres vins .
L’Arev propose de mettre en place un Observatoire européen afin de connaître la situation dans chaque région . « Il faut faire admettre le vin comme une chose différente des superalcools », clame Claudio Rosso, le vice-président italien .
Vers un chassé-croisé de lobbying
Pour y arriver, l’Arev entend peser de tout son poids : « Imaginez nos 75 régions faisant bloc face à la Commission européenne ! » martèle son secrétaire général, Jean-Paul Angers , qui prône « une croissance équilibrée et contrôlée », notamment en Champagne où l’on louche déjà sur les surfaces supplémentaires de l’appellation…
Face à ces positions, Alexandra Catalao a joué de diplomatie . Pour la représentante du Commissaire européen à l’agriculture , « le vignoble européen n’est pas assez valorisé » alors que s’ouvrent des débouchés importants en Inde et en Chine et que « nous devons respecter les règles de l’Organisation mondiale du commerce ». Et de rappeler la manne financière qui accompagne le plan d’arrachage des vignes (800 M€ l’an passé) ou la communication des vignerons (120 M€ par an) . « Le débat public sur la réforme est lancé et ce n’est pas un exercice de style », assure Alexandra Catalao. Objectif : « Faire de la réforme du vin un succès et reprendre le terrain perdu face à la concurrence internationale ». Vaste programme qui promet un beau chassé-croisé de lobbyings !
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