Le Bugey « béni des dieux » peut se réjouir : la première cuvée de l'appellation s'annonce exceptionnelle. Comme dans toute la France, les vignerons bugistes ont parfaitement profité d'une météo « extraordinaire » en 2009
Dix-neuf ans qu'ils l'attendaient, cette appellation ! Dix-neuf ans que Maxime Angelot, alors président du syndicat des vins du Bugey, avait déposé les premières demandes d'AOC auprès de l'Institut national des appellations d'origine (Inao).
Le 28 mai 2009, l'Inao, enfin, approuve le cahier des charges de l'appellation. C'est une explosion de joie dans tous les caveaux du Bugey, depuis Gravelles jusqu'à Parges ou Nattages. Et le 28 octobre, la parution, au journal officiel officialise la décision. Les bouteilles de la cuvée 2009 seront donc les premières à porter sur leurs étiquettes la mention de la précieuse AOC. Mais ce millésime 2009 sera historique dans le Bugey à un autre titre, car il s'agit d'une année exceptionnelle dans tout le vignoble français. Robert Gallet, président des sommeliers Bugey-Savoie et président du Salon de la gastronomie de Bourg-en-Bresse, le confirme : « La production des vins dans toute la France a bénéficié d'un « avantage climat » extraordinaire, puisque l'été s'est très bien passé. Il n'y a pas eu de catastrophe climatique comme un début de saison avec du gel et des pluies abondantes. Le climat s'est bien régulé sur toute l'année, particulièrement sur la fin de saison qui est très bénéfique pour la bonne maturité des raisins, la vendange s'est faite à la bonne époque en septembre, et ce bon équilibre a permis d'avoir une bonne matière première. La chance Après, travaillé par des hommes qui ont des méthodes diverses, cela permet d'avoir des vins très différents d'un producteur à l'autre ».
Est-ce que ce millésime exceptionnel va plus profiter aux blancs ou aux rouges ? « L'année 2009 va entrer de très beaux gamays. Dans cette zone centre-est et début du nord-est de la France, on est particulièrement spécialisé dans les blancs. L'ensoleillement de 2009, c'est sûr, sera beaucoup plus favorable aux vins rouges ». Est-ce que cela signifie qu'on aura sur le marché des Bugey 2009 des vins de garde ? « Dans le Bugey, on n'est pas sur des vins de type de garde, en dehors de la mondeuse et de certains terroirs en chardonnay. Mais tous les vins de pinot et de gamay sont des vins de consommation rapide, dans les deux-trois ans ».
Un conseil en tout cas, prenez vos précautions. Cette année il n'y en aura pas pour tout le monde, conclut Robert Gallet : notamment dans les manicles et les chardonnays vont pleinement bénéficier de cette nouvelle notoriété.
Patrice Gagnant
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Paroles de vignerons : « Un état sanitaire parfait »
Que pense Julien Quinard, viticulteur à Massignieu-de-Rives, de cette cuvée 2009 ? « Les blancs vont être exceptionnels, on est sur des notes très fruitées, très fleurs blanches. Les roussettes et les chardonnays seront excellents ».
Et les rouges ? « Les mondeuses vont vraiment être d'une très grande qualité et le gamay, cette année, aura beaucoup de couleur ; il est de bonne facture et pourra être laissé à vieillir deux ou trois ans ».
Quant au pinot, « c'est un rouge capricieux à vinifier pour qu'il soit de bonne présence. L'année 2009 sera très satisfaisante », mais Julien Quinard donne rendez-vous à ses clients pour la commercialisation du pinot début 2011. Pour le moment, il est encore en élevage.
Tout comme la mondeuse d'ailleurs, qu'il mettra à la vente courant 2011, et pas avant. « Je fais une vinification traditionnelle et la mondeuse est encore en élevage, c'est une tradition bugiste. Ce sera un vin tannique, assez charpenté, qu'on pourra conserver huit à dix ans sans problème ».
Un conseil de vigneron : « Je dis à mes clients d'oublier la mondeuse quelques années, puis de la carafer pour qu'elle s'oxygène ».
« De toute façon, confirme le sommelier Robert Gallet, les vins du Bugey il faut qu'ils aient fait leurs Pâques pour commencer à les boire. »
Yves Duport est issu d'une grande famille de vignerons en bas Bugey. Lui aussi constate « un état sanitaire du raisin parfait en 2009, sans pourriture. En plus, il a été très sucré, avec un équilibre parfait sucre et acidité : ça lui donne un côté fruité, bien frais ».
Par exemple le chardonnay, « un vin très équilibré cette année, fruité mais où on sent aussi l'alcool ».
Côté vins rouges, l'état sanitaire a permis une bonne macération. Pour le gamay qu'Yves Duport a baptisé « éclat de fruits », comme pour la mondeuse ou le pinot noir. Le vigneron de Groslée les élève en fûts et dans sa propriété aussi, ces deux vins s'annoncent particulièrement prometteurs. Ici aussi, on les retrouvera à la vente fin 2011.
En attendant, ce viticulteur conquis par la production bio se réjouit pour son Bugey « béni des dieux » en 2009.
P. G
http://www.leprogres.fr/fr/region/l-ain ... Bugey.html