Grâce à l’enrichissement de tout un pan de la société chinoise, la consommation de rouge augmente rapidement. Les Français sont assurés de rester les premiers fournisseurs de bons crus aux Chinois.
Quand la Chine se sera éveillée, elle verra l’avenir en rouge ! Une boutade, qui «s’a-verre» fondée sur la réalité. En 2013, la consommation de vin en Chine (du rouge, surtout) devrait atteindre 1,26 milliard de bouteilles, selon les prévisions d’un institut de recherches lié au salon bisannuel bordelais VinEXpo. Des projections reprises avec euphorie par la version en ligne du Quotidien du Peuple qui annonce, ivre de joie: «La Chine pourrait devenir le 7 ème marché mondial pour les importations de vin d’ici 2013». Actuellement, dans ce classement, la Chine occupe la 9 ème place.
En théorie, cela signifie que chaque Chinois consommerait en moyenne une bouteille de vin par an ! Dans la pratique, c’est une autre paire de manche puisque le marché chinois du vin, compte tenu de la progression actuelle de la classe moyenne et des habitudes de consommation, représenterait 200 millions d’acheteurs potentiels. La Chine absorberait alors près de 16 % de la production mondiale de vin, mais pour autant ne ravirait pas le Japon, censé demeurer, un certain temps encore, le premier consommateur.
Le Quotidien du Peuple cite les propos tenus par Dominique Heriard Dubreuil, la présidente de VinEXpo. En 2013, laChine importera de France 558 millions de tonnes de vin, l’Hexagone restant son premier fournisseur, suivie comme aujourd’hui de l’Australie. La Chine continuera donc à tirer les exportations de vin et spiritueux bleu-blanc-rouge, plutôt mal en point, vers le haut. D’ailleurs, dans un communiqué diffusé au début mars, Ubifrance et les Missions économiques faisaient valoir que l’ex-Empire du Milieu, à l’instar de quelques pays émergents comme le Brésil et l’Inde, était l’un des seuls marchés où les exportateurs de vin tricolore ont écoulé un appréciable surcroît de litres en 2009.
Seul 20 % du vin consommé par les Chinois est importé
Dans une interview accordée à l’agence de presse chinoise Xinhua, Robert Beynat, directeur général de VinEXpo, expliquait l’envolée de la demande pour le vin en Chine par les chiffres suivants : «La Chine ne consomme actuellement que 0,5 litre de ce breuvage par an, contre 3 litres au Japon.» Il ne faut pas oublier que malgré le peu d’empressement des Chinois à tremper leurs lèvres dans un bon verre, leur pays est déjà un grand producteur de vin. Seules 20 % des bouteilles achetées par les Chinois proviennent de l’étranger, mais une telle part de marché est appelée à progresser rapidement. Autre détail intéressant : le bas de gamme connaît une croissance modérée, le haut de gamme tend à la stabilité, et c’est donc le moyen de gamme qui présente les meilleures opportunités de croissance. Et puis, relativisons les choses : le marché du vin ne représente que 1,2 % du marché chinois des boissons alcoolisées.
Le quotidien du Peuple cite un reportage diffusé par Radio France Internationale se penchant sur les conséquences de la politique «zéro taxe» sur les vins adoptée à Hongkong. Cette plateforme commerciale est devenue la porte d’entrée du vin étranger en Chine. Les Français ont fort bien tiré leur épingle de ce jeu viticole puisqu’ils occupent 53 % du marché du rouge et du blanc à Hongkong.
EN GIRONDE, LES AMBITIONS DE MME AN
Il faut s’attendre à ce que des investisseurs chinois acquièrent des propriétés viticoles dans l’Hexagone au cours des prochaines années. Ces mouvements de fonds semblent déjà avoir commencé. En juin, la société de produits de luxe Hongkong A&A International Holding Group a pris le contrôle d’un producteur en Gironde, Château Richelieu : la nouvelle maîtresse des lieux s’appelle Mme An et entend profiter de son incursion dans le vignoble tricolore pour «mieux divulguer les vins français en Chine».
Y. Le Houelleur
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