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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Selon l'histoire officielle, « c'est dans une cave propice aux courageuses pensées », où ils avaient réuni quelques amis, que deux Nuitons, Georges Faiveley et Camille Rodier, ont eu l'idée de créer la confrérie des Chevaliers du tastevin.

A cette époque, nous sommes en 1933, la Bourgogne traverse une grave crise économique. On a coutume de dire que les caves sont pleines et les portefeuilles vides… Mais le petit groupe n'entend pas se lamenter : « Si nos caves sont pleines, il faut les vider et inviter nos amis pour nous aider. Si nous savons lui en donner l'envie, le monde viendra à nous. »

Une date mémorable

C'est ainsi qu'ils ont l'idée de créer la confrérie des Chevaliers du tastevin, réminiscence des vieilles confréries bachiques, en « empruntant à Rabelais sa truculence et sa bonne humeur et à Molière sa philosophie souriante, son bon sens ».

Le premier chapitre du nom a eu lieu le 16 novembre 1934. Le succès est immédiat, « les éloges tombaient comme une pluie de fleurs », écrivent ainsi dans leur ouvrage consacré aux confréries en Bourgogne Marie-Thérèse Berthier et John-Thomas Sweeney (1). Un succès qui reprendra de plus belle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que la confrérie prend ses quartiers dans un lieu d'exception : le château du clos de Vougeot.

« Servir la Bourgogne »

Cette réussite tient aussi au fait que, sous son aspect immuable, la confrérie « a toujours été en mouvement », souligne son actuel Grand maître, Vincent Barbier, alors que pour le Grand connétable, Louis-Marc Chevignard, « elle a su et sait apporter les réajustements nécessaires, par petites touches, tout en gardant l'essentiel. » Reste, concluait Vincent Barbier, à l'heure du millième chapitre - le 9 juin 2007 - que « tout cela n'a de sens que si la Bourgogne continue à s'améliorer pour produire un vin indiscutable de par sa qualité, car notre confrérie n'agit que pour servir la Bourgogne. »

Xavier Cournault x.cournault@lebienpublic.fr
(1) Les Confréries en Bourgogne, édition la Renaissance du livre.