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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Les crus 2009 s'annoncent exceptionnels. Partout en Suisse romande, les vendanges se sont montrées particulièrement riches en sucre, avec une qualité remarquable. Les rendement sont par contre un peu à la traîne.
Un millésime incontestablement prometteur. En Suisse romande, les vendanges 2009 ont profité d'une météo des plus favorables durant quasiment toute la période de végétation, malgré la grêle qui a touché certaines régions. La pression sanitaire s'est faite discrète et à favorisé une qualité optimale, ce qui a permis des vendanges sans précipitation. Tour d'horizon dans les cantons.
Au bout du Léman, les vendanges ont débuté avec les premiers jours de septembre. La Cave de Genève a entamé l'encavage des mousseux le 4 septembre pour terminer avec les cépages tardifs le 12 octobre. Le millésime est sain, très riche en sucre et la qualité est au rendez-vous grâce à une très faible pression phytosanitaire durant la saison que ce soit au niveau du mildiou, de l'oïdium ou de la pourriture.
Les merlot, comme les syrah, ont dépassé les 100° œchslé, tandis que les carbernet ont oscillé entre 95 et 100° œchslé. Les cépages tardifs ont ainsi pu être menés à pleine maturité sans difficultés, ce qui n'est de loin pas le cas toutes les années.
Les quantités sont jugées plutôt modestes, selon Florian Barthassat de La Cave de Genève. Cela est particulièrement le cas pour les pinot et gamay dont les rendements sont plus faibles que d'ordinaire. Les secteurs de Soral, de Laconnex et de Bardonnex ont légèrement souffert de la grêle qui a occasionné des dégâts de l'ordre de 15% des rendements.
En cave, la satisfaction est de mise. La fermentation alcoolique s'est bien déroulée et a été quelque peu prolongée de par la richesse en sucre. Le millésime 2009 laisse augurer des crus genevois prometteurs.
Du côté de Neuchâtel, la saison 2009 est bien plus que satisfaisante. Les maladies fongiques se sont faites très discrètes, ce qui a grandement faci- lité la tâche du vigneron, en particulier par rapport à l'année dernière. La grêle s'est limitée à des dégâts peu significatifs dans le courant de juillet, ce qui n'a péjoré ni la qualité ni les rendements.
Les vendanges ont été plus précoces que d'habitude: vers le 14 septembre pour les premières parcelles alors que le gros de la récolte s'est déroulé à partir du 20 septembre. Certains parchets ont souffert du sec, ce qui s'est traduit par un retard de maturité. Mais les conditions météorologiques propices ont permis de laisser le temps au raisin d'atteindre sa pleine maturité.
Les vendanges ont parfaitement répondu aux attentes avec des teneurs en sucre rarement atteintes. Les pinot noir ont même dépassé les 95° œchslé et les chasselas, les 75°. «Une très belle moyenne pour le canton», se félicite Sébastien Cartillier, chef de la Station cantonale de viticulture. Du côté des rendements, l'année n'a rien d'exceptionnel. Les pinot avoisinent les 650 g au mètre carré (sur quota de 800 g), alors que les chasselas s'approchent des 800 g (quota: 900 g). Le déficit hydrique est en cause.
L'acidité de différents cépages vendangés s'avère plus élevée que pour 2003, année plus ou moins comparable à 2009 sur le plan métérorologique. Cette meilleure acidité est à mettre en partie sur le compte du régime de bise favorable pendant la quinzaine de jours qui a précédé les vendanges. Cependant, le niveau d'acidité se montre plus faible que les années normales et notamment que l'année dernière. Pour Sébastien Cartillier, ce léger désavantage est pleinement compensé par une richesse alcoolique et des tannins bien présents. Les crus neuchâtelois 2009 seront certainement de bons vins de garde, tout en rondeur et en souplesse et dotés d'une belle coloration pour les rouges.
«A marquer d'une pierre blanche.» Directeur technique de Provins, Gérald Carrupt ne tarit pas d'éloges sur le millésime 2009 dont il voit déjà un potentiel de conservation certain.
Provins a ouvert ses caves le 13 septembre pour les refermer le 27 octobre. L'année fut donc précoce même si au moment de la floraison le vignoble valaisan avait plutôt quelques jours de retard, contrairement à son voisin vaudois.
La période des vendanges fut relativement longue, mais pas seulement en raison de la forte diversité des cépages. En effet, certains encaveurs ont profité des beaux jours d'automne pour laisser arriver leurs raisins pleinement à maturité. «Grâce aux excellentes conditions météo, la maturation des différents cépages s'est faite de manière continue, ce qui nous a grandement facilité la tâche», affirme le président de la Fédération valaisanne des vignerons, Eric Germanier.
Côté qualité, la vendange valaisanne 2009 se caractérise par une bonne richesse en sucre. Les chasselas dépassaient allègrement les 80 voire 85° œchslé, les pinot, les 95 à 100° œchslé ou encore les 90 à 95° œchslé pour les gamay. L'acidité est en retrait par rapport aux années normales. Conséquence: certains vins ne subiront pas de fermentation malolactique. «Ceux-ci resteront vifs et tout en fraîcheur, ajoute Gérald Carrupt. Globalement, les crus 2009 présentent une belle puissance alcoolique. Leurs arômes sont très propres, nets, leurs tannins, très fondus et liés: de bonnes prédispositions comme vins de garde.»
Côté quantités, les vendanges 2009 ne font pas le plein des quotas. Difficile d'y arriver avec des vieilles vignes de chasselas ou encore avec des spécialités aux rendements en principe plutôt faibles, même dans les bonnes années. «La production 2009 est néanmoins conforme aux attentes dans la plupart des cépages», constate Gérald Carrupt qui relève tout de même un bémol pour les humagne et cornalin, deux cépages difficiles à maîtriser et sujets à des phénomènes d'alternance.
Le vignoble vaudois a profité d'une saison rêvée. La précocité observée à la floraison s'est retrouvée lors de la récolte. Uvavins a commencé à réceptionner les premiers lots dix jours plus tôt que la normale, le 22 septembre, pour terminer vers la mi-octobre. Les vendanges se sont faites sur une période plus étalée que d'habitude.
En 2003, la maturation s'était déroulée très rapidement suite aux importants coups de chaleur estivaux. La dégradation du raisin sur la vigne avait nécessité des vendanges rapides, contrairement à cette année. En effet, les caves n'ont pas eu besoin de se précipiter pour l'encavage qui a ainsi pu se dérouler dans d'excellentes conditions. Les chasselas ont dépassé sans peine les 80° œchslé et les pinot, les 100° œchslé. Dans certains cas, comme par exemple pour le gamaret, malgré une teneur en sucre suffisamment élevée, la maturité phénolique n'était pas encore atteinte, ce qui a conduit les vignerons à retarder la récolte de ces parchets, sans toutefois pénaliser la qualité des raisins.
Comme partout en Suisse romande, la richesse en sucre des différents cépages vendangés est à souligner. Gilles Cornut, président de la Commission interprofessionnelle du vin vaudois, s'attend à des vins dotés d'une bonne structure, riches en alcool ainsi qu'à la robe soutenue et aux tannins riches et soyeux pour les rouges. Le manque d'acidité ne devrait pas péjorer les qualités de garde des crus. Gilles Cornut se veut rassurant: «Les premières approches dégustatives montrent de bonnes valeurs et un équilibre remarquable».
Léger bémol: l'alternance des températures jour-nuit moins marquée cette année, ce qui pourrait se ressentir par une atténuation des arômes de certaines cépages, comme par exemple le gewürztraminer.
Si les conditions relativement sèches de la saison ont pénalisé les rendements (de manière générale 10 à 20% au-dessous des quotas - Chablais et Lavaux moins pénalisés), elles ne semblent pas avoir pesé excessivement sur les teneurs en azote des moûts, mis à part quelques rares exceptions à La Côte.
Notons enfin les importants dégâts de grêle dans la région de Mont-sur-Rolle et de Morges qui ont pénalisé près de la moitié de la charge prévue avant cela. La qualité n'en a pas pâti. Heureusement, grâce à la météo propice, les baies touchées ont séché et sont tombées.

Michel Darbellay
http://193.247.189.70/agrihebdo/journal ... m?id=58958

[Winemega-Alain]

Discutant hier avec un vigneron du coin, il m'affirmait qu'il n'avait pas souvenir d'une telle qualité de raisin!

[Laurent P]

c'est vrai côté vendanges. D'un autre côté, pour certains les acidités sont basses (trop), pour d'autres le lancement des fermentations est comment dire problématique, voire (vous connaissez le mot de Cambronne hein ?).

Bref, j'ai l'impression que les vignerons ne sont pas très zen dans leurs caves actuellement.
Bon, ce n'est que le début d'une phase. Dans quelques semaines certains seront peut-être rassurés. Ou pas.


Laurent