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Polémique autour de l'aire d'appellation du Pic Saint-Loup

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Lun 2 Nov 2009 22:11

Le syndicat défend les limites historiques.

La torpeur automnale engourdit le vignoble languedocien. Calme trompeur. Le débat sur l’aire géographique fait rage en Pic Saint-Loup. Une consultation publique, lancée le 5 septembre par l’Inao, pourrait remettre en cause ses frontières historiques. Treize communes font aujourd’hui partie de la dénomination pic Saint-Loup au sein de l’AOC coteaux du Languedoc. Les candidats ont jusqu’à jeudi prochain pour faire leur réclamation. Cette enquête est le premier jalon légal sur le chemin de l’appellation d’origine contrôlée. AOC : l’onction suprême qui doit consacrer un terroir d’exception façonné par une poignée de vignerons passionnés.

« L’appellation n’est pas une fin en soi. C’est la reconnaissance d’un travail accompli », résume Jean-Marc Ravaille, président du syndicat du cru. Les membres - 54 vignerons et coopérateurs - approuvent majoritairement la démarche. Rempart contre la crise, l’appellation est une protection contre la concurrence mondiale. Elle inscrit un savoir-faire et une production dans le marbre dans un contexte réglementaire évolutif. « Cela nous permettrait de piloter au plus fin l’appellation en terme économique, technique et commercial », ajoute le président.

Le hic : les vignerons du pic Saint-Loup ont mis leur veto à toute extension de l’aire, à deux reprises, en assemblée générale. Ils ne souhaitent pas que d’autres récoltent le fruit de leur travail acharné pendant quinze ans. « Comment expliquer à des vignerons que certaines de leurs parcelles seront déclassées, dans le cadre de la future délimitation parcellaire, et que d’autres communes entrent ? », avance le président.

Des voix discordantes s’élèvent toutefois pour défendre une extension partielle raisonnée. Nombre de vignerons voient leurs parcelles injustement divisées par la limite cadastrale les empêchant de tout déclarer en pic Saint-Loup alors que le terroir est identique. Ce système obsolète, hérité de l’après-guerre, génère des aberrations.

C’est aussi l’avis de Jean-Benoît Cavalier. Le président des coteaux du Languedoc, vigneron à Vacquières, est le porte-drapeau de l’extension. « Une appellation, ce sont des hommes qui se retrouvent autour d’un produit. Au lieu de regarder les différences, il faut voir les points communs. Je comprends les vignerons qui se trouvent différents du voisin. Mais un certain nombre de parcelles ont vocation à rejoindre le pic Saint-Loup. Une appellation n’obéit pas à une approche politique mais concrète. » Il prône ainsi le rattachement d’Assas, Guzargues, Vacquières et Brouzet-les-Quissac. Une position qui irrite. Certains lui reprochent de défendre des intérêts personnels. Ses vignes, qui s’étendent sur 85 ha, sont plantées, en majorité, en dehors de l’aire. Clochemerle ? Ses multiples casquettes (président des coteaux du Languedoc, représentant régional de l’Inao, vigneron du pic Saint-Loup et membre d’AGVB) cristallisent le débat. « J’ai un avis de producteur impliqué dans l’appellation depuis vingt millésimes, se défend-il. Je suis producteur de pic Saint-Loup vinifiant à Vacquières. Nous sommes plus proches d’une problématique de délimitation parcellaire que d’une extension réelle de l’aire. »

Autant d’arguments qui n’ébranlent pas Jean-Marc Ravaille : « Si l’Inao agrandit l’aire, le syndicat dira non et il n’y aura pas d’AOC. » André Leenhardt, son prédecesseur, se veut plus nuancé : « Le syndicat a choisi d’instruire le dossier avec les communes historiques et, dans un deuxième temps, d’examiner les demandes des candidats. C’est inscrit dans l’histoire qu’un jour, ces communes devaient faire partie de l’appellation. Mais pas n’importe comment, ni en l’imposant de force. C’est une bêtise de penser que 100 ha de plus déstabiliseront le marché. Nous ne sommes pas opposés à l’extension mais nous sommes plutôt déçus par la façon dont a été traité notre dossier par l’Inao jusqu’à présent. »

Certains observateurs, tel l’historien du vin Jean Clavel, partagent ce pragmatisme. « L’évolution actuelle est le fruit d’une histoire. Il n’y a pas de raison objective de la refuser. Le périmètre du VDQS s’est décidé à partir d’oppositions locales puisque ce sont les maires qui devaient faire la demande de rattachement. Les choix ne se sont pas toujours faits en fonction du terroir. »
Le pic Saint-Loup, comme beaucoup d’autres, est à la croisée des chemins.

Calendrier
La consultation publique prend fin le 5 novembre. Une commission d’experts nommés par l’Inao examinera les réclamations. Le dossier sera transmis au comité national qui doit se réunir en février 2010. Une décision rapide est préférable avant le début des négociations avec l’OMC.

Cathy Soun

http://www.midilibre.com/articles/2009/ ... 83015.php5
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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