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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Créée en 1986 par Nadia et Dany Pochon, la Vinothèque de la Charrière, à La Chaux-de-Fonds, est devenue un acteur qui compte dans le monde des vins de haut de gamme. Dans ce créneau étroit, elle ne craint pas la concurrence des grands. Un succès que le patron attribue à deux facteurs: la passion et l'obsession permanente de la qualité.

La semaine dernière, durant trois jours, la Vinothèque de la Charrière a vécu sa traditionnelle vente à quai d'automne. Des centaines d'amateurs en ont profité pour découvrir les dizaines de vins proposés à la dégustation.

La vente aux particuliers n'est que l'une des facettes du commerce fondé il y a 23 ans par Nadia et Dany Pochon. Ce dernier distingue trois secteurs de vente: celui des revendeurs et grossistes, celui de la gastronomie et celui des privés. Bon an, mal an, ce dernier secteur représente 50% du chiffre d'affaires. Sur ce volume, seuls 10 à 12% sont réalisés sur le marché régional (canton de Neuchâtel et environs immédiats); 80% des ventes aux privés sont réalisées dans le reste de la Suisse, tandis que les 8 à 10% restants le sont à l'étranger.

Le marché des privés tend à prendre davantage de poids, explique Dany Pochon. Le secteur gastronomique subit les effets de la crise économique et celui de la baisse du taux d'alcoolémie toléré. Enfin, «il est de plus en plus rare que les entreprises fêtent un contrat en invitant leurs clients au restaurant: ceux-ci préfèrent qu'on leur octroie des rabais.»

Etablie à La Chaux-de-Fonds, la Vinothèque de la Charrière n'est pas vraiment bien placée. Les acheteurs de vins de haut de gamme se trouvent plutôt sur l'Arc lémanique et à Zurich. Pourtant, la vinothèque ne craint pas la concurrence, car peu d'autres opérateurs offrent, selon Dany Pochon, une palette aussi étendue de vins d'exception. Il estime pratiquer des prix très corrects, même si l'un ou l'autre flacon peut être proposé moins cher ailleurs. «Les clients de Zurich ne nous resteraient pas fidèles si nos prix étaient surfaits.»

Les amateurs apprécient de pouvoir acheter à La Chaux-de-Fonds des vins introuvables ailleurs en Suisse: la vinothèque a conclu à ce jour des contrats d'exclusivité avec 50 producteurs français. Des viticulteurs dont il découvre les produits lors des nombreux voyages professionnels qu'il fait en compagnie de son épouse Nadia. «Ce qui me guide, c'est l'amour du terroir», assure Dany Pochon. Mais «le vin c'est avant tout du plaisir et de l'émotion». Le plaisir qu'il a à sélectionner chaque année de nouvelles cuvées vaut celui qu'il éprouve à partager ses découvertes.

Le patron de la vinothèque est à la tête d'une impressionnante collection de livres anciens sur l'agriculture, la vitituculture et le vin. Une somme de connaissances qui n'est pas là pour faire joli: «Le merveilleux, avec un livre, c'est que, contrairement à une bouteille, vous pouvez l'ouvrir autant de fois que vous voulez sans l'épuiser.»

Lorsqu'on lui demande si vendre du vin enrichit, il répond: «Nous n'avons rien, notre fortune, c'est notre stock!» Car vendre du vin, c'est accepter une forte immobilisation des capitaux. Les différents entrepôts et caves de la Vinothèque, dont le catalogue recense 1500 variétés de vins, abritent 250 000 bouteilles, dont certaines atteignent des cotes fabuleuses.

Sur un rayon de l'entrepôt, Dany Pochon montre une petite caisse. «C'est La Part des Anges, un Saint-Emilion produit à une centaine de bouteilles par an. J'en obtiens neuf, soit le plus gros volume au monde!» Le prix reste confidentiel. Un autre bordeaux, d'un château réputé, d'un millésime pourtant récent, est cédé 3500 euros à l'importateur.

A côté de ces joyaux inaccessibles au commun des mortels, des dizaines de milliers de flacons plus abordables attendent d'être bus. Bacchus se moque bien des calculs...


Léo Bysaeth

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La Vinothèque de la Charrière est bien vue en France

La Vinothèque de la Charrière, qui occupe sept employés, est l'un des 2500 importateurs officiellement licenciés en Suisse. Elle est, de manière plus sélective, l'un des 185 importateurs sélectionnés par la Mission économique de l'ambassade de France en Suisse.

Chef du secteur agroalimentaire au sein de cette section diplomatique, Bernard Milke a pour tâche d'aider des producteurs français à trouver des débouchés à l'étranger. C'est dans ce cadre qu'un guide a été édité, répertoriant une sélection d'importateurs, parmi lesquels figure la Vinothèque de la Charrière. Ce guide n'inclut pas les gros opérateurs, qui n'ont pas besoin d'un coup de pouce officiel.

L'entreprise chaux-de-fonnière est dans les bons papiers du facilitateur économique de l'ambassade de France. Bernard Milke note «l'intérêt, l'ouverture et le dynamisme» dont fait preuve Dany Pochon, qui participe régulièrement aux voyages qu'organise la mission pour permettre un contact direct entre producteurs et importateurs.

Dans le secteur viticole, il y a les opérateurs qui cherchent le volume et ceux qui, au contraire, privilégient les productions plus modestes, voire confidentielles. «Notre rôle est aussi d'aider les toutes petites entreprises», indique Bernard Milke, notant que c'est justement le créneau qui intéresse l'importateur chaux-de-fonnier.

Les efforts fournis sont à la mesure de la cote d'amour des vins français en Suisse. «En valeur, la France est le premier fournisseur de vins étrangers en Suisse», note Bernard Milke. En volume, la France est troisième, derrière l'Italie et l'Espagne.

http://www.arcinfo.ch/journal/region/la ... rroir.html