La Fédération des grands vins de Bordeaux a fait sa rentrée ce midi. Négociants et viticulteurs, bien qu’ayant des contestataires dans leurs rangs, tentent de faire front et de prendre les mesures qui s’imposent pour redonner un coup de fouet à une industrie renommée qui en a bien besoin.
A la Fédération des grands vins de Bordeaux (FGVB), tout près des Quinconces, l’assemblée générale de rentrée aura duré un peu plus longtemps que d’habitude. Et ce n’est pas un hasard. " Il y a un an, nous étions dans une situation plutôt encourageante. Actuellement, on est plutôt dans une logique de dégradation ! ", admet Jean-Marie Garde, président du syndicat Pomerol.
La mine renfrognée, les représentants des grands crus bordelais " ne peuvent chiffrer " le nombre d’exploitations qui approchent du dépôt du bilan.
" A Créon, on a passé trois heures et demi à écouter des viticulteurs ", renchérit Laurent Gapenne, président de la Fédération des grands vins (FGV) de Bordeaux. " C’est horrible pour eux, mais ces gens-là , il faudrait leur donner de l’argent, mais ce n’est pas de notre compétence ". Pas facile d’être dans la médiation, et M. Gapenne répéte à plusieurs reprises " qu’il entend les critiques ". Et des mécontents, il y en a.
La peur de la nouveauté ?
Les contrôles renforcés, au niveau de la qualité des breuvages, exercés chez les négociants comme les producteurs, font grincer certaines dents : " Deux contrôles de terrain - sur un total de 500 - n’ont pas pu aller à leur terme, explique Jean-François Quenin, président du Conseil des Vins de Saint-Emilion, mais je crois que le véritable problème avec ces nouvelles réglementations, c’est la peur de la nouveauté ".
Le gel avait semé le trouble en 2008, et cette année, c’est la grêle du 11, 13 et 25 mai qui est venue compliquer la situation des négociants et viticulteurs bordelais. Dans un contexte économique que la crise a encore rendu plus difficile, des membres de la fédération " qui ne sentaient pas entendus " ont contesté publiquement leur représentativité au sein de de l’organisation. Des critiques dont les dirigeants de la fédération se sont défendus, en mettant en avant " le système d’élections, parfaitement démocratique, et contre lequel les attaques sont injustifiées ".
Le marché attend un signe
Qu’il s’agisse des stocks disponibles, ou des capacités de production, la fédération semble dans le flou, et a " hâte de disposer de chiffres plus précis ". D’une part, le marché des grands crus bordelais vit son quatorzième mois de chute des négoces entre négociants et viticulteurs. La diminution est évaluée à 29% cette année. D’autre part, entre les vignobles grêlés et les 800 hectares de vigne qui ont été arrachés " pour restructuration, c’est - avant récolte - 700 000 hectolitres de moins qui seront produits par rapport à l’année dernière ". La production totale étant évaluée, elle, à 8 millions.
En concertation avec l’État, plusieurs mesures ont été prises pour donner un coup de pouce aux hérauts du vin : achats et mises à disposition de vendanges " pour ne pas rompre la chaîne de commercialisation ", mise de côté d’hectares pour prévoir aux aléas climatiques.
En bref, le marché, peu enclin à produire à nouveau en masse, attend un signe avant de s’inverser. Les dirigeants de la fédération estiment que le marché des grands crus bordelais " anticipera la relance ".
Stéphan Foltier
http://www.bordeauxactu.com/VINS-DE-BOR ... ,5933.html