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Pierre Lurton : des vins qui font pleurer de bonheur

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Sam 5 Sep 2009 15:54

Cheval Blanc et Château d'Yquem... Chaque matin, Pierre Lurton s'émerveille d'avoir touché un tel « ticket royal ».

Des vins mythiques, au point qu'on finit par ne plus oser les boire... si tant est qu'on ait la chance de les rencontrer. Des noms qui trônent toujours au firmament des meilleurs vins du monde. Directeur des prestigieux Cheval Blanc et Château d'Yquem, Pierre Lurton ne fait que remplir une mission quasi dynastique initiée, il y a près d'un siècle, par Léonce Lurton, l'arrière-grand-père.

Ce dernier acquiert un premier domaine dans l'Entre-deux-Mers, château Bonnet, puis devient propriétaire de château Margaux en 1948, avant d'échanger ce dernier trop précipitamment contre le clos Fourtet ! Même s'il s'agit là d'un beau saint-émilion Grand cru, la famille porte encore le deuil de cette transaction hasardeuse, avec les regrets éternels qui s'ensuivirent. Mais l'empire est fondé. Les trois fils, André, Lucien, Dominique, étendent les domaines, et les générations suivantes font de même.

La famille Lurton possède aujourd'hui, en Bordelais, 1 200 hectares de vignes sur une bonne vingtaine de châteaux. Autant que de petits-enfants ! Un pour chacun. Pierre, fils de Dominique, reste onze ans à Fourtet pour ses premières armes. A 24 ans, il est régisseur et, à 34 ans (en 1991), directeur général de Cheval Blanc. Sept ans plus tard, Bernard Arnault lui propose de prendre les rênes de Château d'Yquem, d'abord en tant que gérant, avant de le nommer président en 2004. La corbeille est magnifique. Le jeune directeur s'en approche avec curiosité et révérence. «C'était, dit-il, une propriété en parfait état qui, grâce à la famille Lur Saluces, avait traversé les siècles dans l'excellence. J'ai décidé, d'abord, de ne rien changer.»

Et puis, parce que les vieilles dames ne détestent pas qu'on les emmène danser, Pierre Lurton ose pour elles la première vente en primeur. Pour Yquem, si l'art consiste depuis toujours à savoir choisir l'instant idéal entre pourriture noble et pourriture grise, c'est-à-dire vendanger ni trop tard ni trop tôt, il apporte des innovations : enlever tôt dans la saison les baies qui se chevauchent pour homogénéiser ainsi le botrytis. Encore : opérer un mutage à chaud qui permet de préserver les arômes d'agrumes, de raisin et de tilleul, alors que le mutage à froid les écrase. Les grands crus eux-mêmes sont perfectibles. «Je ne prétends pas détenir la vérité, concède Pierre Lurton. Je veux juste faire progresser la viticulture comme je peux. Je me demande toujours si, dans l'histoire d'un cru, il n'y a pas des gestes qu'on a oubliés.»

Le soir, Pierre Lurton retourne sur ses terres, une propriété de 50 hectares dans l'Entre-deux-Mers. Et là, près de sa femme, au milieu de ses six enfants, il savoure un Château Marjosse, son vin personnel, une simple appellation Bordeaux qui le réjouit encore.

Jean-François Chaigneau
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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