Le marché des guides du vin est en pleine expansion. Parmi la multitude de références présentes en librairie, Le guide des amateurs de vin 2010, d'Alain Marty, Catalan natif de Montpellier, se veut précurseur en matière de notation.
Pour sa deuxième édition, le principe reste inchangé. Ce sont les consommateurs qui évaluent et non un collège de professionnels, comme c'est le cas pour les ouvrages traditionnels.
L'idée est simple et s'inspire d'internet. Toute personne souhaitant devenir dégustateur est invitée à envoyer sa candidature, dans laquelle elle doit exprimer ses motivations et sa philosophie du vin, ainsi que la liste des produits déjà dégustés et ses préférences. Elle doit également signer une charte de déontologie, à travers laquelle elle s'engage à n'avoir aucun lien direct avec la profession (vignerons, amis de vignerons, journalistes spécialisés). Autres restrictions : elle ne doit juger aucun vin présentant un défaut flagrant et doit régulièrement s'adonner à la dégustation.
Le consommateur obtient alors le droit de noter les vins qu'il a goûté sur un barème allant de 0 à 20. La note est intégrée par informatique sur le réseau du site du guide, où une moyenne est ensuite déterminée.
Au total, pour cette édition 2010, 687 personnes ont évalué plus de 2 000 vins issus de 600 domaines français. « Au début, je pratique une vraie sélection des grands dégustateurs. Après, je ne leur demande rien. Ils n'ont pas de feuille de route à suivre. Tout ce qu'on veut, c'est une note entre 0 et 20 et qu'ils respectent le code de déontologie », confirme Alain Marty.
Et c'est bien là qu'est le problème. Car, selon certains professionnels, attribuer une simple note sans parler des caractéristiques du produit n'a aucun sens. Christian Brasseur, caviste à Montpellier, relève : « Je pourrais très bien mettre deux notes identiques à deux vins totalement différents, qui n'ont pas les mêmes typicités. Le principe du guide est d'orienter le consommateur par rapport à ses goûts et non par rapport à une note. » Face à cet argument, Alain Marty répond vouloir aller contre le « diktat du goût imposé par les professionnels : le consommateur lambda n'a jamais senti le goût de l'amande amère poussée dans les sous-bois d'un vin dégusté à l'orée du jour ! » Pour sa part, le gérant de la cave coopérative de Saint-George-d'Orques, Marc Fite, estime que le vin mérite tout de même un commentaire. « Pas besoin de faire dans la poésie mais, au moins, une petite description : ce vin est puissant ou léger, agréable à boire... » Il est tout de même bon de préciser que l'édition précédente du livre s'est vendue à 20 000 exemplaires, soit presque 10 % des parts de marché des guides du vin. Une belle performance pour une première année de parution dans un secteur où la concurrence est féroce.
Swann Julien
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