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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Le château Gruaud Larose ouvre ses portes aux touristes pour livrer les secrets de confection de son vin. Question d'image.

Autant commencer par la fin. « Nous allons déguster un Gruaud Larose 2004, vieilles vignes, deuxième grand cru classé, selon le classement de 1855 », annonce la guide. Une quadragénaire et un couple québécois hochent la tête, ils ont décrypté le mystérieux code que vient de leur envoyer la guide. Coup d'oeil rapide mais vif, plongée verticale du nez dans la cheminée, gargouillis puis mastication, les trois protagonistes recrachent impeccablement leur vin dans le lavabo prévu à cet effet. Verdict : « Pas mal ».

« Ici la terre est pauvre »

Pour accéder à la propriété, il faut emprunter une route sinueuse, en traversant de minuscules villages, au beau milieu des vignes, disposées de part et d'autre du bitume.
Bienvenue au château Gruaud Larose, à Saint-Julien, entre Pauillac et Cussac, sur la route des vins du Médoc. « Ici, la terre est pauvre, commence la guide. Il n'y a rien qui pousse, sauf de la vigne, et plus la vigne souffre, meilleur est le vin ». En haut de la tour centrale qui surplombe le domaine, les visiteurs du jour apprécient la vue : des hectares de vignobles, rangés au garde à vous, un océan de verdure. Au loin, les trois visiteurs aperçoivent la station météorologique du château, installée sous l'ère Alcatel Alsthom.

L'entreprise de télécommunication était propriétaire du château, entre 1993 et 1997. À l'époque, Pierre Suard, son directeur, avait investi 65 millions de francs dans la rénovation des bâtiments et des équipements.
La visite se poursuit pendant une heure et demi, dans des chais à l'odeur âcre. Jusqu'aux caves obscures et froides, où reposent les 500 000 bouteilles de vin rouge produites chaque année. Dégustation et fin du parcours pour le moins classique, mais qui semble satisfaire les oenotouristes du jour.

Ouverture au public

Le château Gruaud Larose, désormais propriété de la famille Merlaut, sait depuis peu recevoir les touristes. « Depuis quelques années, on a fait un effort d'ouverture vers le public », indique David Launay, le responsable commercial du domaine. Marianne Diot, la guide, a été recrutée en mars dernier.

« J'ai été formé par le maître des chais. Il m'a enseigné les techniques de vinification spécifiques à Gruaud Larose. » Il y a dix ans, pour cette guide-interprète de 36 ans, le quotidien, c'était plutôt le musée du Louvre, le château de Versailles et la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Une maîtrise de russe plus tard, elle travaille en « free lance », dans les vignobles de Saint-émilion et de l'Entre-deux-Mers. Pourquoi le vin ? « Mon père m'a appris à goûter le vin, à l'aimer. En arrivant dans la région, j'ai pu trouver du travail facilement », confie-t-elle.

Quand elle est arrivée, son patron, Jean Merlaut lui a laissé carte blanche pour organiser les visites du domaine. « Avant que j'arrive, c'était priorité aux professionnels. Maintenant, je m'efforce d'ouvrir la porte aux amateurs de vin et même aux non-amateurs », souligne Marianne Diot. Désormais, les touristes affluent des quatre coins du monde.
Une clientèle internationale qui se déplace dans le Médoc, spécialement pour goûter les crus classés et bourgeois. L'objectif de la guide est d'atteindre le grand public. Symbole de cette ouverture : le contrat passé en juin avec la résidence hôtelière Odalys à Hourtin. Désormais, le complexe envoie une quinzaine de vacanciers tous les mardis. Des touristes différents, avec lesquels Marianne Diot privilégie la pédagogie : « Au moment de la dégustation, il faut leur apprendre à sentir un vin, à le goûter », explique la jeune femme.

Soigner l'étiquette

Passé le cap des visites, Gruaud Larose ne veut pas s'arrêter là. En octobre, une sommelière exerçant dans la branche touristique sera chargée de mettre en place un service hôtelier au sein du domaine.
Le développement touristique de Gruaud Larose est donc en cours de réflexion. Même si le nombre de visiteurs est en constante augmentation, le millier de vacanciers qu'accueille Gruaud Larose chaque année se situe loin derrière les 13 000 enregistrés par le château Mouton-Rothschild à Pauillac.

Mais derrière ce potentiel économique, l'intérêt pour le vignoble consiste essentiellement à soigner son étiquette et donc à exporter sa marque de fabrique.
Selon David Launay, faire visiter le domaine à des amateurs est bénéfique pour l'image de la propriété et pour les ventes. Fabrice Fatin, le directeur de la Maison du tourisme et du vin de Pauillac (1) confirme l'impact d'une telle initiative.

« Les vins du Médoc ont la réputation d'être fermés sur eux-mêmes. Quand les touristes rentreront chez eux, ils pourront parler du château à leur caviste. »
Une publicité non négligeable, quand on sait que près de 150 000 touristes passent chaque année les portes de la Maison du tourisme et du vin de Pauillac.

(1) Maison du tourisme et du vin, La Verrerie, à Pauillac. Tél. 05 56 59 03 08 ou par mail : mtvp@wanadoo.fr

http://www.terredevins.com/article-311- ... Medoc.html

[Frédéric B.]

Marrant d'annoncer un Gruaud-Larose "Vieilles vignes"...
On se serait plutôt attendu à ce qu'elle annonce le "premier vin"...