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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Elsa Brulez représente au Chili la toute première marque de champagne de producteur indépendant. Avec elle, et la marque "Louise Brison", c’est toute une tradition et un savoir-faire français, mélange de patience et de passion, qui souffle sur Santiago

Elle aime beaucoup le Chili, mais ne lui servez pas un "champaña", elle pourrait se fâcher. Elsa Brulez a grandi dans les vignes, celles de sa famille, qui depuis 4 générations fait du champagne, dans l’Aube, au sud du territoire de l’appellation d’origine contrôlée Champagne (AOC). Grâce à elle, depuis mars dernier, on peut se vanter, à Santiago, d’avoir notre petit producteur de champagne (chez "El Mundo del Vino"), qui tient la dragée haute aux grandes maisons archi-connues, assises sur leur réputation. "Louise Brison", le nom de la marque, était celui de son arrière-grand-mère, à l’origine du domaine, aujourd’hui étendu sur 13 ha et dirigé par son père. Si sa sœur est devenue œnologue, Elsa à 25 ans est titulaire d’un master spécialisé "Commerce International des Vins et Spiritueux" obtenu à Dijon. Elle a découvert le Chili lors d’un stage de fin d’études dans le domaine Calyptra puis est revenue en octobre dernier, cette fois dans le cadre d’un VIE (Volontariat international en entreprise), dispositif français d’aide à l’exportation, ouvert aux grandes filiales comme aux PME. En amenant, pour la première fois au Chili un champagne de producteur, elle entend défendre les couleurs de sa région, combinaison d’un climat, d’un sol et d'un raisin unique. D’ici à 2010, plus aucune étiquette, par loi, ne devra contenir le mot "champagne", ni même "méthode champenoise" en dehors de l’AOC. "En France, précise t-elle , les vins mousseux se sont tous trouvés un nom: 'Crémants', 'Clairette' , pourquoi pas au Chili ?".

Passion
Il est vrai qu’à l’écouter parler avec passion du "Louise Brison", on se sent un peu honteux de s’être contenté des productions locales. Mais le Chili a ses connaisseurs. Conseillés par les vendeurs de "El Mundo del Vino", beaucoup ont osé sortir des grands classiques. Ils sont désormais fidèles à "Louise Brison", ravis d’avoir découvert un champagne français millésimé et de garde, ce qui est exceptionnel, au prix des standards sans années des Veuve Clicquot et autres. "Car la pratique habituelle est de mélanger différentes années pour obtenir une qualité suivie, explique Elsa. Or, chaque année, il pleut plus ou moins, il y a plus ou moins de soleil et la vigne vieillit. L’histoire que raconte notre terroir est différente tous les ans."
Autant dire que pour qu’il se garde, "le champagne doit être le plus naturel possible car la chimie vieillit mal ", ajoute t-elle. Ainsi, le raisin récolté doit être idéal pour développer des acides naturels, il est vinifié en fût, sans fermentation malolactique (responsable des maux de tête), et gardé 4 ans minimum en cave. L’œnologue, c’est sa sœur, mais Elsa se montre experte sur le sujet. Elle aimerait d’ailleurs proposer des dégustations assorties de "charla" pour faire partager sa passion. Elle est dotée, il est vrai, d’un véritable talent pour expliquer par exemple que l’assemblage "Pinot noir" et "Chardonnay", c’est un peu l’alchimie du couple : l’un vif et impatient, l’autre tout en rondeur et qui se fait attendre. Mais le trésor de la maison, c’est sans conteste le Blanc de Blancs, 100 % Chardonnay. Ses yeux pétillent lorsqu'elle l'évoque.

S. R http://www.lepetitjournal.com Santiago mardi 9 juin
http://www.elmundodelvino.cl/
http://www.louise-brison.fr/