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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Le champenois Joseph Henriot a trouvé une belle opportunité lorsqu'il a racheté la maison de négoce Bouchard Père &Fils. Il en a fait un bijou.


C'est en Bourgogne qu'on fait les plus grands vins blancs du monde et aussi les meilleurs pinots... voilà ce que mon père m'a enseigné. Il avait raison. On a beau produire du bon, voire même du très bon vin ailleurs avec ces mêmes cépages, on n'atteint jamais la hauteur ni le caractère de nos grands crus.» Joseph Henriot, homme de convictions, a ressenti très tôt l'appel du chardonnay. Issu d'une haute dynastie de Champenois, il a redonné son lustre à la maison familiale, assuré longtemps la présidence de Veuve Clicquot, prêché la bonne parole du chardonnay et du pinot en Nouvelle-Zélande (Cloudy Bay), en Australie, en Californie, jusqu'à ce qu'un jour de 1995 la vénérable maison Bouchard Père &Fils, installée à Beaune, lui tombe dans les bras.

Comme une fabuleuse collection de timbres

«Une chance extraordinaire, explique-t-il. C'était un jouet un peu fatigué. Nous l'avons restauré et reconstruit pour en faire un bijou, le plus beau qu'on puisse imaginer. Montrachet, Puligny-Montrachet, Bâtard-Montrachet, Meursault, Volnay, Pommard, Monthélie, Beaune (Grèves Vigne l'Enfant Jésus!), Corton, Corton-Charlemagne, Savigny... Un total de 300parcelles, les plus prestigieuses de la Côte d'Or, précieuses comme une fabuleuse collection de timbres! Nulle part ailleurs on ne trouve cette richesse ni cette diversité de caractères. Grâce à des opportunités, j'ai pu l'agrandir de 25hectares, ce qui porte notre surface plantée à 120hectares de vignes; c'est unique en Bourgogne. Aujourd'hui, il faudrait avoir cent ans de vie devant soi pour constituer un tel domaine! Les circonstances étaient favorables... et j'ai surtout le mérite de pouvoir compter sur une équipe de gens excellents autour de moi. Mon métier se résume ainsi: des terroirs, des compétences, et quelques idées simples. Il y a des endroits où l'on fait des vins meilleurs que partout ailleurs, ce sont des sanctuaires... Il suffit de les mettre en valeur...»

JeanFrançois Chaigneau
http://www.lefigaro.fr