VITICULTURE. En 2004, l'employé viticole a lancé sa propre production. Quelques hectares qui donnent naissance au Château Cornélie
Patrick Grisard a les mains d'un ouvrier de la terre et le verbe d'un professeur passionné. Le Médocain est mobilisé sur un seul objectif. Faire vivre le Château Cornélie. Un vin né en 2005, la belle année. Le Haut Médoc, 5,4 ha de vignes sur la commune de Saint-Sauveur, est sa fierté. À 44 ans, après avoir travaillé toute sa vie dans les grandes propriétés, il a réalisé son rêve de gosse. Vendanger son terroir, fabriquer son vin, et le commercialiser. En clair, vivre de sa passion.
La prise de risque
« Je pouvais difficilement faire autre chose. Je suis né au-dessus d'un chai, et j'ai appris à marcher entre deux rangs de vignes. Et puis il y a cette attirance pour la création. Elle a toujours été présente en moi. » C'est par ces quelques mots que le viticulteur vous explique son passage à l'acte. Il y a aussi les économies d'une vie de travail. Des deniers qui ont rendu possibles la signature d'un contrat de fermage avec un couple de retraités, des investissements dans de l'outillage, et un emprunt.
À une époque où les petits ont tendance à disparaître, et les gros à devenir toujours plus gros, Patrick Grisard est ferme sur sa ligne de conduite. « Mon investissement est colossal. Les prix des millésimes sont stables. J'ai dans la tête des procédés innovants. Je ne recherche que la qualité. »
Le viticulteur ne critique pas ses confrères de l'Alliance des crus bourgeois, mais concède ne plus être en phase. Il évoque « les prix élevés, et la qualité qui n'est pas toujours au rendez-vous ». La raison pour laquelle il n'a pas répondu à l'offre de participation aux primeurs.
Respect de la terre
Entre 2005 et 2008, Château Cornélie aura produit près de 80 000 bouteilles. Grâce à son site Internet, ses démarches commerciales, un réseau toujours plus actif (cavistes, grossistes), l'entrepreneur a vendu 50 % des millésimes 2005 et 2006, 20 % du 2007. Une partie de la production s'est retrouvée à l'export. Le Japon, les États-Unis, la Suisse, l'Allemagne, etc. Un autre motif de satisfaction. Pour autant, les fins de mois restent difficiles. Pas toujours de quoi se verser un salaire. Ce qui ne l'empêche pas de poursuivre ses projets. Le dernier, la pratique de la culture bio-dynamique. Rapidement résumée : « Il s'agit de dynamiser la vigne en l'aidant à résister par elle-même aux agressions extérieures à l'aide de produits naturels. » Le but étant cette recherche « permanente de la qualité » que revendique aujourd'hui Cornélie .
julien lestage
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