De plus en plus de vignerons se lancent dans la conversion d'une partie de leur exploitation en biologique. L'association Agrobio organise des formations
Le bio dans les assiettes, tout le monde connaît. Passés de « marginaux » à « tendance », les produits issus de l'agriculture biologique font même leur apparition dans les cantines scolaires. Mais le bio dans les verres de vin, c'est déjà beaucoup plus rare... sauf en Bergeracois !
Un mardi, dans une petite salle sombre du lycée agricole de La Brie, à Monbazillac : Éric Maille, à l'aide d'un rétroprojecteur, présente les dernières données concernant les produits biologiques à une dizaine de viticulteurs, si attentifs qu'on a l'impression d'être sur les bancs de l'école. C'est aussi l'occasion pour ceux qui ont fait le pari du vin biologique de se rencontrer et de partager leurs expériences.
10 % de viticulteurs bio
Aujourd'hui, 10 % des viticulteurs de l'appellation se sont engagés sur le chemin de la conversion biologique. « Un chiffre qui, par rapport aux autres bassins viticoles, fait honneur, » explique Éric Maille.
Se convertir en bio, c'est apprendre une nouvelle façon de travailler. Amélie et Mickaël Marc, propriétaires à Sigoulès, possèdent 15 hectares de vigne, dont ils ont entamé la conversion il y a trois ans. Ils sont venus recueillir de précieuses informations. « Le bio, c'est une approche du métier vraiment différente. En conventionnel, lorsqu'on a une maladie de vigne, un champignon, par exemple, on va chercher à l'éradiquer chimiquement. En bio, on travaille en amont, dans le préventif, et on essaye d'intervenir avant que le problème ne se pose. » Une méthode qui nécessite aussi une plus grande rigueur.
Frilosité de la profession
Alain Peronnet, président du syndicat des vins de Montravel, est un fervent défenseur du tout biologique. Il possède 13 hectares de merlot et de sauvignon, et il a commencé à diminuer les produits chimiques dès 2005, avant de se lancer dans une vraie conversion depuis 2008. Ce qui le surprend, c'est que « les gens qui ont une démarche bio sont encore regardés de travers dans la profession. Mais on a trop tendance à oublier que pendant des décennies, tous les vins étaient quasiment bio ! »
Pascal Boissonneau, viticulteur de Doulezon en Gironde, reconnaît que le bio, c'est « plus d'implication, plus de travail d'observation de la vigne. Et puis il faut investir dans du matériel plus performant, la pulvérisation est plus pointue. » Pour cette raison, Pascal, qui possède 72 hectares de vignes, n'a mis que 18 hectares en conversion, pour voir quels seront les premiers résultats.
La viticulture biologique n'est cependant pas un remède miracle. La conversion d'une vigne prend au minimum trois ans, et nécessite un investissement financier et humain important. Mais, au vu de la crise qui traverse le secteur, d'autres viticulteurs pourraient y voir un nouveau départ.
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