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La vigne douce contre le pinard industriel

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Ven 27 FĂ©v 2009 17:30

Ils étaient venus du Roussillon, du Beaujolais, de la Loire, et même de Conques dans l'Aveyron, les 23 et 24 février, à Deauville, en marge du 4e Omnivore Food Festival (OFF), défendre leur conception d'une viticulture transparente, sans artifice, refusant toute approche industrielle qui, selon eux, conduit à une standardisation des goûts.

Réunis à l'initiative de la Dive Bouteille, groupement informel et militant animé par Sylvie Augereau, une centaine de vignerons étaient désireux d'échanger leurs expériences, d'en débattre et de faire goûter leurs vins à un public nombreux d'amateurs, de cavistes, de restaurateurs et d'acheteurs français et étrangers. Pour la dernière fois, peut-être, si le projet de loi en discussion, qui tend à interdire toute forme de dégustation promotionnelle, y compris dans les Salons et les foires, est adopté par le Parlement en l'état. La position de ces vignerons "nature" est voisine de celle des défenseurs des "vins naturels", pour qui la vigne est l'expression de la vraie nature qui justifie l'application des méthodes les plus douces : l'agriculture biologique pour quelques-unes, ou la biodynamie pour d'autres. Tous ont en commun la volonté de favoriser la vie naturelle du sol en rejetant l'emploi de pesticides ou de désherbants, à préserver la biodiversité de l'encépagement et la protection des paysages viticoles. Ils s'attachent à vendanger des raisins dont la maturité porte l'identité des terroirs, sans recourir à l'utilisation des techniques de cryoextraction, ou d'osmose, et d'intrants (acidification, levurage) qui aboutissent à des vins artificiels sans référence au terroir, identiques d'un millésime sur l'autre. Pour Michel Issaly (domaine de la Ramaye à Gaillac), président des Vignerons indépendants, "le vin, c'est boire la vérité d'un terroir". Il plaide pour que la rédaction des cahiers des charges en cours dans le cadre de la réforme engagée par l'Institut national de l'origine et de la qualité - qui a conservé le sigle historique INAO - exclue explicitement l'usage des copeaux de bois et des levurages intempestifs dans la nouvelle réglementation des AOC.

La réforme sépare le contrôle des signes de qualité et d'origine, de leur défense et de leur gestion. Les syndicats de vignerons - devenus Organismes de défense et de gestion (ODG) - ne seront plus juge et partie. Ils doivent établir le cahier des charges de chaque appellation dont le contrôle sera désormais assuré par un organisme certificateur ou d'inspection indépendant chargé de délivrer les agréments. L'intention est excellente, mais la mise en oeuvre s'avère difficile. En premier lieu, parce que tous les cahiers des charges n'étant pas établis, les agréments sont délivrés à l'aveuglette. Marcel Richaud, vigneron bio réputé à Cairanne, s'est vu refuser l'accès à l'appellation "côtes-du-rhône-villages" pour des cuvées de primeurs et de rosés. Partisan d'une vinification naturelle, il avait rejeté la levure employée par ses collègues ! Jean-Paul Brun, du domaine des Terres-Dorées dans le Beaujolais, n'a pas obtenu l'agrément sur 300 hectos, au motif que le vin développait "des arômes de caoutchouc, de champignon et d'acidité volatile", alors qu'une cuvée identique avait été acceptée. "On voudrait liquider les vins de terroir au profit des pinards industriels qu'on ne s'y prendrait pas autrement", notait récemment et justement le magazine Que Choisir ?

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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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