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[Jean-Pierre NIEUDAN]

À l’est de Bordeaux, au delà de la Dordogne, nous retrouvons le Libournais avec ses appellations plus ou moins connues comme Canon-Fronsac, Côtes de Francs et Côtes de Castillon mais nous pénétrons aussi dans deux appellations qui n’ont plus besoin de présentation : Le Pomerol et St-Émilion.
À l’origine, ces régions étaient submergées et le retrait de l’eau y a laissé une terre de sédiments argileux provenant du Massif Central ainsi que du sable d’alluvion transporté par les vents. Ce sol, riche en calcaire, sable et graviers est propice à la culture du Merlot et du Cabernet Franc surtout. Contrairement au Médoc situé plus la l’ouest, le Cabernet Sauvignon y est ici un cépage complémentaire étant donné qu’il exige une plus grande chaleur pour obtenir sa pleine maturité et que les micro climats de Pomerol et St-Émilion y sont moins propices.

Les meilleurs crus de ces deux régions sont issus de 50 à 70% voire 80% de Merlot, et de 20 à 50% de Cabernet Franc dépendant des sols. Ce dernier préférant les sols graveleux et sablonneux et le Merlot les sols plus glaiseux.

On prétend que certaines années le Château Pétrus serait composé uniquement de Merlot.

Ce vin mythique n’a en fait été reconnu que dans les années 1950 et est pourtant célébré aujourd’hui comme l’un des meilleurs vins au monde et des plus chers, va sans dire. Lors du Salon des Vins de Montréal en 2000, j’ai eu le plaisir de déguster une minime lampée du célèbre vin produit en 1992, année plutôt moyenne pour ne pas dire ordinaire. Je vous dirai ce que je mentionne très souvent : « le prix ne fait pas foi de tout, surtout en matière de vin » Je dois par contre avouer avoir aimé mais pas de là à payer ce qu’on en demande. Je prendrais volontiers une caisse de Sociando Mallet pour le même prix.

Parmi les trésors produits dans ces deux appellations, nous retrouvons le Château Ausone, Château Cheval Blanc, Château La Gaffelière, Château Canon-La Gaffelière, L’Angélus, Beauséjour, Bélair, Magdeleine, Trottevieille et Château Figeac à St-Émilion et en Pomerol, outre le célèbre Pétrus les Château L’Évangile, Château Trotanoy, Château Gazin, Château Clinet, Château Lafleur et La Conseillante y sont entre autre produits.

La différence fondamentale entre ces deux appellations réside du fait que le Pomerol est totalement plat. Le point le plus élevé des 800 hectares de vigne cultivés est le sommet de l’église de l’un des hameaux environnants. Avec ses 800 hectares, le Pomerol est d’ailleurs une des plus minuscules appellations de la région de Bordeaux, ce qui ne l’empêche pas d’avoir certains des crus les plus réputés. À St-Émilion par contre, le terrain est plus varié ce qui a donné naissance aussi à des appellations satellites comme ; Montagne St-Émilion, St-Georges, Lussac et Puisseguin. Le rapport qualité/prix de ces appellations, quoique très respectable, ne se compare cependant pas à celui de St-Émilion mais procure une alternative intéressante à prix moindre. Il y a deux semaines, je me suis permis une gâterie ; le Petit Cheval 1997, second vin de Château Cheval Blanc, à ne pas confondre avec le Relais du Cheval Blanc qui n’a rien à voir avec les deux premiers. Je me limiterai à ceci : j’ai adoré sa robe, ses arômes son goût sa texture, enfin tout et je peux aisément imaginer ce que le grand frère peux goûter.

par Bernard Landreville
http://www.hebdorivenord.com