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Vins de Blaye : les stocks de blanc à sec

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Mer 25 Fév 2009 18:11

Entre arrachage et mauvaises récoltes, la production de blanc devient de plus en plus confidentielle

A l'été, tout le vin blanc d'appellation Côte-de-Blaye sera certainement vendu. Dis comme cela, on pourrait croire à une bonne nouvelle. Ce n'est pas le cas. Cela veut dire que la production est trop faible. « On a subi des crises à répétition. En 2003, une petite récolte suivie, en 2004, d'une surproduction. Certains viticulteurs ont donc arraché pour faire du rouge. Puis 2007 et 2008, deux nouvelles petites récoltes. On ne peut plus satisfaire la clientèle qui se tourne vers d'autres producteurs », explique Christophe Terrigeol, président du Syndicat viticole de vins de Blaye et viticulteur à Saint-Ciers-sur-Gironde. « Et les parts de marché perdues ne regagnent pas facilement. »

Des arrachages de vigne

Christophe Terrigeol estime qu'il n'est plus vraiment possible de descendre plus bas en terme de surface exploitée en blanc. « L'arrachage ne devrait pas continuer. L'hémorragie s'est un peu arrêtée. »

Les aléas s'expliquent aussi par le type de blanc proposé à la clientèle. « Ce sont des vins blancs techniques. On recherche des arômes de fermentation. C'est un mélange standardisé de bonnes levures. Seulement, après neuf mois, il est usé, fané, foutu. Au risque de décevoir le consommateur. Le client a bien d'autres soucis que de connaître le temps de garde de son vin. S'il est déçu, il ne revient pas. Il faut donc une production à flux tendu. C'est un raisonnement industriel qui ne s'accorde pas à un terroir comme le nôtre. Dans le nouveau monde (NDLR, Amérique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande), ils ont choisi ce créneau car ils sont moins sujets aux aléas climatiques. Cela ne veut pas dire qu'il ne fallait pas en produire. On répond aussi à la demande du client, il faut plaire. »

Changer de technique

En l'occurrence, il aimerait que les producteurs de blanc ne mettent pas tous leurs oeufs dans le même panier. Un peu à son image. Depuis 1992, son château a fait le pari d'un vin blanc de garde moyenne, deux à trois ans. « C'est un vin de terroir, compliqué et plus artisanal. Cela ne marche pas à tous les coups. J'ai eu la surprise, au travers de salons sur la France, de la part de clients qui en avaient gardé. Ils étaient très satisfaits. En particulier, celui de 1996. Il était magnifique. Pas du tout le cas de 2003 », commente Christophe Terrigeol.

Il prend aussi l'exemple des Châteauneuf-du-Pape. « Il y a quinze ans, le blanc, c'était 1 % du vignoble. Ils en sont à 5 % maintenant. Et cela marche très bien. Leurs vins se gardent deux à trois ans. » Il oppose entre les deux styles de viticulture, « une vision en bon père de famille et celle d'un chef d'entreprise ».

Adaptation dans la douleur

Dans son cas, le choix d'un vin de garde à deux ans, lui permet de garder ses parts de marché, malgré les deux mauvaises années successives. Il a vendu des stocks. « Ce sont des vins qui ont gagné en identité. »

Mais Christophe Terrigeol avoue aussi les limites de son système. Il ne pourra pas supporter une nouvelle année avec une production réduite de moitié.

« On est en train de s'adapter dans la douleur au marché. Il faut aussi une vision dans le temps. Dans les années 1970, on a arraché tout le blanc pour du rouge. On s'est tous planté. Après, les vins blancs techniques répondaient à une demande et des possibilités. »

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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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