Les expéditions, en baisse de 8,1 % sur un an, retrouvent le seuil de mi-2006
En octobre 2007, à l'apogée d'un bel essor de six années (+ 36,8 % entre 2001 et 2007), le cognac affichait 506 000 hl d'alcool pur (AP) expédié sur un an, soit 180 millions de bouteilles. Fin janvier 2009, cette donnée a subi une soustraction de 100 000 hl tout rond. Sur un an, les expéditions de cognac pointent à 406 116 hl / AP, soit 145 millions de bouteilles. Elles reviennent au niveau qui avait été atteint autour de juin 2006.
Le vilain coup de froid enregistré au mois de janvier n'a pas arrangé les choses. Par rapport au mois de janvier 2008, la chute frôle les 30 %. Voilà qui creuse un peu plus la baisse des expéditions en volume amorcée en février 2008. Sur un an, le déclin se situe désormais à -8,1 %.
Jusqu'à présent, le cognac avait pu s'appuyer sur la soif du marché asiatique pour compenser l'essoufflement des secteurs américains et européens. La Chine et ses voisins sont exclusivement friands d'eaux-de-vie vieilles (VSOP ou plus), sur lesquelles les maisons de cognac réalisent une plus grande marge. Cette spécificité, mise à profit par les grands acteurs du marché, a permis de maintenir un chiffre d'affaires positif. En décembre 2008, malgré une année de baisse en volume, la valeur restait en légère hausse de 0,3 %.
L'espoir d'un revirement
Les statistiques de janvier, récoltées par le Bureau national interprofessionnel du cognac (Bnic), envoient cependant des signaux inquiétants. La baisse de 12,6 % dans la zone Aléna (États-Unis, Canada, Mexique), pour un total de 50 millions de bouteilles, et de 10,8 % en Europe, qui absorbe 49,7 %, ne surprend pas. Mais le très modeste +0,3 % en Extrême-Orient (pour 40,7 millions de bouteilles) fait tousser. Singapour, deuxième marché au monde derrière les États-Unis, et plaque tournante du continent, se contente de +7,1 %. La Chine, habituée à un taux de croissance à deux chiffres, sert un petit +1,9 %. Comme tout chiffre qui se respecte, ces statistiques sont à prendre avec des pincettes. On connaît le volume des expéditions, mais pas les ventes réelles. Entre les deux, il peut y avoir des phénomènes de stockage qui floutent la lecture.
Les chiffres de janvier étaient attendus, car ils arrivent après les fêtes de fin d'année, en Occident, et le Nouvel an chinois, le 26 janvier. Contrairement à ce qu'ils semblent indiquer, cet événement a plutôt bien marché d'après les premiers retours des maisons de négoce.
« On est dans un contexte mondial de crise, le cognac n'est pas à l'abri. Dans l'absolu, ce n'est pas catastrophique. Les maisons de négoce disent s'attendre à six premiers mois difficiles en 2009, mais ils espèrent une amélioration sur la deuxième partie de l'année », commente Alain Philippe, directeur du Bnic. Bref, il est encore un peu tôt pour savoir à quel point la tendance est morose.
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