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[Jean-Pierre NIEUDAN]

La coopération dans le monde du vin, on dit qu'elle fut utile, qu'elle sauva le vignoble français autrefois... Au temps des crises de l'entre-deux-guerres. On dit encore qu'elle n'a pas su s'adapter, qu'elle sait produire mais rarement commercialiser. Souvent vrai, sauf exception. Blason de Bourgogne est né en 1993 de l'alliance entre les caves coop de Chablis, Bailly (qui produit sous la marque Lapierre les meilleurs crémants de Bourgogne), Buxy, en côte chalonnaise, et, un plus tard, Prissey en Mâconnais. José Martinez (Bailly), membre fondateur, raconte : « Au départ, on est des bons camarades, on réfléchit et on essaie d'imaginer un autre visage de la coop. On est un peu comme La Chablisienne [coop de Chablis] , on émerge au Canada, en Angleterre, mais on n'a pas de notoriété locale ou nationale. En face de nous on avait un négoce qui se restructurait fortement. Ces grands groupes étaient en train de faire autre chose que du bourgogne, qui ne représente plus que 30 % de ce qu'ils proposent. Il fallait réagir, cultiver nos personnalités dans nos bassins, puis aborder les marchés et non pas attendre que l'on vienne chercher le vin chez nous. Pourquoi ne pas assembler nos forces ? » La réflexion a duré deux ans. Puis chacun a mis au pot pour créer la structure commerciale. « On a investi la même somme que Chablis, alors qu'on représentait un cinquième de leur chiffre d'affaires à ce moment-là, poursuit José Martinez. Il fallait répartir les charges à parts égales pour motiver les troupes et donner sa place à chacun. Trois ans plus tard, on était dans nos objectifs. »

La grande distribution découvrait ce nouveau groupement : « Pour Bailly, ce fut 500 000 bouteilles de plus. » Mais cette conquête des marchés devait s'accompagner d'une montée en qualité et en traçabilité. David Delaye, oenologue, coordonne les démarches techniques entre les quatre : « La condition numéro un, c'est un cahier des charges très précis. Chaque cave s'est dotée de techniciens viticoles et d'oenologues qui se déplacent chez les producteurs. » En 2007, ce qui n'était qu'un groupement commercial est devenu une vraie marque, Blason, dans la grande distribution. « On veut des vins représentatifs de l'appellation sur lesquels on a une vraie légitimité, continue David Delaye. Pas de vertu pédagogique, mais un rendu intimiste avec un cépage, un terroir, plaisir et lecture immédiate ; on ne vise pas le vin de garde, plutôt des vins à boire jeunes ; même sur des pommards on choisit des millésimes prêts à boire : 2005 pour le mercurey... »

Jacques Dupont http://www.lepoint.fr