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Grands Bordeaux: les prix dégringolent

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Jeu 8 Jan 2009 22:01

Encore un article de nos amis Image

Effet de la crise: les prix des grands millésimes chutent, chez les négociants comme à la bourse. Plus de 30% de réduction sur le prix d'un Premier Grand Cru Classé, un Sauternes ou un Pomerol.

«Les prix des Bordeaux sont sous pression, surtout depuis août, indique Pierre Wyss, négociant basé à Onnens (FR). A cause de la crise financière, les négociants sont en manque de liquidités. Ils sont pressés de vendre car ils doivent payer maintenant le vin 2007. Du coup, les prix baissent.» Après des années de croissance continue, le prix du Bordeaux subit maintenant des corrections brutales.

Même les prix des 2005, année exceptionnelle, descendent (voir ci-dessous), et le mouvement est général. «Je viens d'acheter plusieurs caisses de Mouton Rothschild 2004 à 272 francs la bouteille, poursuit Pierre Wyss, alors que depuis deux ans celle-ci coûtait environ 680 francs.» Même constat chez Vogel Vins à Grandvaux: «Des très grands vins tels que le Haut-Brion 2004 ou les Cheval-Blanc 2004 et 2005 se sont très mal vendus, reconnaît Charles Vogel. Les négociants bordelais les offrent maintenant environ 30% en dessous de leur cotation de cet été.»

Le Bordeaux s'est imposé comme un placement relativement sûr et un instrument de spéculation très intéressant. Des fonds de placement financiers liés au vin tels que le «Vintage Wine Fund» ont affiché des résultats spectaculaires: 11% en 2005, 24% en 2006 et à nouveau 24% 2007, entraînant par la même le prix du vin à la hausse. Mais le fond a chuté de 3,8% en septembre, et encore davantage en octobre. «Nous n'avons pas pu sauver l'année 2008, qui s'est achevée sur un résultat négatif, résume son portfolio manager, Andrew Davison. Après avoir réalisé de jolis profits ces cinq dernières années, tout le monde s'est mis à vendre en même temps.» Résultat: la valeur du fonds a baissé et précipité avec elle celle du vin.

Un marché peu liquide

Constitué à 99% de grands Bordeaux, le fonds reflète bien leur prix, assure Andrew Davison, et peut l'influencer autant à la hausse qu'à la baisse. «Le marché du vin est similaire à celui des produits de luxe ou de l'art contemporain: il est extrêmement peu liquide. La vente d'une seule caisse d'un grand millésime peut déjà en changer le prix!» Même le taux de change peut influencer le prix du vin. «En 1997, les américains ont acheté en masse pour profiter du dollar fort, raconte Pierre Wyss. En 2002, ils ont revendu et le prix est tombé.»

La Suisse a toujours été un marché important pour les vins de qualité. Quelques gros opérateurs y sont actifs, des intermédiaires entre producteurs et revendeurs qui achètent souvent en primeur – c'est-à-dire avant la mise en bouteille - et suivent au plus près l'évolution du marché. «Nous actualisons nos prix chaque jour, commente Xavier Scafidi, directeur des achats chez BV Vins, un grossiste au Mont-sur-Lausanne. Nous possédons également des entrepôts en France, mais la fiscalité en Suisse est intéressante: on ne paie de taxe que lors de la vente. Dans certains autres pays, le vin est taxé comme la fortune.» La plus grande cave de Suisse, par ailleurs, se trouve dans les entrepôts des Ports Francs, en zone de douane à Genève, où séjournent plus de deux millions de bouteilles, exemptées de droits et de taxes.

A l'instar de Charles Vogel, certains commerçants ne veulent pas spéculer. «Nous ne révisons pas nos prix au gré du marché, indique Jean-Christophe Boudot de la Vinothèque du Léman à Ferney-Voltaire, à un jet de pierre de la frontière franco-genevoise. Nous sommes des passionnés. Nous ne voulons vendre qu'à des amateurs de vin, et seulement des quantités raisonnables. J'aurais pu doubler mes prix cet été et vendre des lots entiers, mais j'ai refusé. Une fois fixé, mon prix ne change pas.»

Pour le négociant Pierre Wyss, la chute actuelle des prix reflète également la valeur intrinsèque du vin. Gonflé par la spéculation, le prix n'était plus en phase avec la qualité. «De nombreux clients se sont détournés des Bordeaux, devenus trop chers. D'autres régions du monde ont d'ailleurs commencé à prendre sa place.»

Les Bourgognes souffrent aussi

La célèbre vente aux enchères annuelle des Hospices de Beaune, le 16 novembre dernier, n'a rapporté que 2,8 millions d'euros cette année, en baisse de 26% par rapport à 2007. Cette vente de charité, où les prix sont plus élevés qu'à la propriété, est tout de même considérée comme un bon indicateur des cours du Bourgogne.

Selon la Fédération des négociants éleveurs de Bourgogne, l'exportation souffre de la crise internationale, en particulier à destination des Etats-Unis, en recul de 20%. «Les volumes de vente sont en recul, et la fédération s'attend à une baisse du prix du 2007 qui arrive maintenant sur le marché», indique Pierre Germelle, directeur général. La pièce d'honneur, un fût de Pommard 1er cru cuvée «Dames de la Charité», est tout de même parti pour 50'000 euros, soit 220 euros le litre.

Quelques bonnes affaires

Pierre Wyss à Onnens suggère quelques Premiers crus classés (CC) dont le prix a récemment baissé:
Château Rieussec, 1er CC Sauternes 2005, Fr. 49.90 (-36%)
Château Guiraud, 1er CC Sauternes 2005, Fr. 37.80 (-30%)
Château Haut-Brion, 1er CC Pessac-Léognan 2004, Fr. 293.40 (-40%)
Château L'Evangile, Pomerol 1999, Fr. 88.60 (-46%)
Clos Fourtet, 1er CC Saint-Émilion 2006, Fr. 49.65 (-27%)
Château Canon La Gaffelière, Grand CC Saint-Émilion 2003, Fr. 55.20 (-20%)
Château Troplong-Mondot, 1er CC Saint-Émilion 2002, Fr. 41.60 (-20%)

La Vinothèque du Léman à Ferney-Voltaire recommande les millésimes à bon rapport qualité prix suivants:

Château Berliquet, Grand cru classé St-Emilion 2001, 39 euros
Château Malartic-Lagraviere, Grand cru classé Graves 2005, 53 euros
Château La Grave Trigant de Boisset, Pomerol 2000, 52 euros

Pour des budgets plus modestes, Charles Vogel à Grandvaux conseille quelques Bordeaux ne rentrant pas dans la catégorie des vins spéculatifs (prix entre 15 et 30 francs):

Château Chantemerle, Médoc 2005
Château Seguin, Pessac-Léognan 2005
Château Reine Blanche, St-Emilion 2004
Château d'Escurac, Médoc 2005
Château Rollan de By, Médoc 2005
Château Pibran, Pauillac 2004
Château Lalande Borie, St-Julien 2005
Château Larruau, Margaux 2004 et 2005
Château La Commanderie, St-Emilion 2005
Vieux Château Palon, Montagne St-Emilion 2005
Château Ampélia, Côtes de Castillon, 2005
Château Richelieu, Fronsac 2005.

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Re: Grands Bordeaux: les prix dégringolent

Messagepar Torschutz » Jeu 8 Jan 2009 22:23

Enfin ! Pourvu que ça dure, qu'on en profite un peu.

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Re: Grands Bordeaux: les prix dégringolent

Messagepar StĂ©phane VILLETTE » Jeu 8 Jan 2009 22:50

Ce pourrait être l'occasion pour moi, de compléter les bouteilles de l'année de naissance de mon fils ! 2005 ! :jesors:

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