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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Le monde du vin ne semble pas pour le moment ressentir les effets de la crise économique internationale. Les achats aux producteurs et même aux grossistes tardent à démarrer mais ce n’est pas la première fois. Le point sur la situation à travers deux exemples d’entreprises : Alliance Loire en Val de Loire et le groupe français Castel.



«Nous ne ressentons pas les effets de la crise. Mais nous nous interrogeons pour savoir si les contre-performances des foires aux vins sont révélatrices ou non de ce qui va venir. Nous ne le savons pas encore », explique Pascal Chiaroni, directeur général d’Alliance Loire.

Située à Saint-Cyr-en-Bourg (Maine-et-Loire), Alliance Loire est une structure de commercialisation créée en janvier 2002 qui vend aujourd’hui la production de neuf caves de producteurs du Val de Loire (Saumur, Bourgueil, Vouvray, Vendômois, Maîtres vignerons nantais, Vignerons des terroirs de la Noëlle, Vignoble du paradis à Chinon, Cave du Haut Poitou et Coteaux romanais). Elle regroupe 775 vignerons sur 4050 hectares, pour un chiffre d’affaires d’environ 43 millions d’euros.

« Pour ce qui est des exportations, il y a un effet négatif mais il est lié aux disparités des devises et non à la crise », poursuit Pascal Chiaroni. « Depuis deux ou trois ans, nous avons des mois inégaux, des cycles en dents de scie mais pas de gros trous dans l’activité comme on en observe dans certains domaines économiques », indique-t-il.

« Le Val de Loire s’en sort plutôt bien, conclut-il. Le muscadet est en crise mais c’est en raison de la rareté de l’offre. Il n’y a pas eu de récolte sur 2007 tandis que celle de 2008 a été petite. Les cours s’envolent ».

Crainte pour les ventes
« La demande est calme aujourd’hui et l’on manque de perspectives sur les marchés. Mais il ne faut pas dramatiser », modère Franck Crouzet, porte-parole du groupe Castel. L’entreprise familiale Castel, numéro deux mondial du vin par les volumes vendus (principales marques : Baron de Lestac, Vieux papes, Plessis-Duval, Roches linières, Galhaud…), a réalisé un chiffre d’affaires viticole 2007 de 1,10 milliard d’euros et commercialisé 579 millions de bouteilles.

« Il n’y a pas d’effet direct de la crise sur notre activité pour le moment. Globalement, nous n’avons pas de mauvaises perspectives même si l’environnement est négatif », poursuit Franck Crouzet. « On est en train d’avoir confirmation des marchés pour 2009 avec les grandes surfaces, le hard discount… Aujourd’hui, il n’y a rien de dramatique », indique-t-il.

Il reconnaît cependant que « les marchés d’exportation comme les États-Unis ou le Royaume-Uni, pourraient souffrir de la crise ». Cependant, « la demande des pays émergents se confirme ». L’exportation représente 35% de l’activité vin du groupe Castel. Pour l’année 2008, « les ventes du groupe Castel devraient baisser de 3,5% en volume » mais le chiffre d’affaires du groupe devrait augmenter, estime l’entreprise. « Cette baisse n’est pas due à la crise mondiale mais à une baisse de consommation de vin en France qui se poursuit depuis des années », explique Franck Crouzet. L’année 2009 pourrait être différente. Malgré une petite récolte en 2008, il n’y a pour l’instant aucune assurance sur les prix.

« En 2008, la récolte française est en baisse de 10%, avec une fourchette qui va de -3% à -50% selon les vignobles. Cette baisse va s’accompagner d’une augmentation des prix de la part des producteurs pour récupérer du chiffre d’affaires. Il faudra être vigilant sur ce point. Nous ne spéculons pas, nous achetons en fonction des marchés assurés », prévient Franck Crouzet

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