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Entre vin et art, le cœur de Donald Hess balance

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Ven 2 Jan 2009 18:34

En Californie, la Hess Collection s'adresse aussi bien à l'amateur d'art qu'à l'amateur de vin. Ce vignoble-musée est la propriété de Donald Hess, un homme d'affaires suisse qui égrène désormais ses deux passions aux quatre coins du monde.

En Californie, la Hess Collection s'adresse aussi bien à l'amateur d'art qu'à l'amateur de vin. Ce vignoble-musée est la propriété de Donald Hess, un homme d'affaires suisse qui égrène désormais ses deux passions aux quatre coins du monde. Reportage.
Nichée au bord d'une route en lacets qui surplombe la vallée de Napa, le sanctuaire viticole des Etats-Unis, la Hess Collection réunit les deux passions de Donald Hess: le vin et l'art.

La Hess Collection abrite en effet les caves et la salle de dégustation du vignoble ainsi qu'un florilège de la collection d'art contemporain du chef d'entreprise suisse. «C'est comme avoir mes deux passions sous un même toit et je pense que cela fonctionne aussi pour les visiteurs parce que les gens qui ont une affinité pour le vin ont souvent une affinité pour l'art, et vice versa», affirme Donald Hess.

Pour Donald Hess, l'affinité pour le vin est venue d'abord. Ce natif de Berne est tombé dans un tonneau quand il était petit, mais n'a acheté sa première peinture qu'à l'âge de 32 ans. A la mort de son père, qui dirigeait l'entreprise familiale fondée en 1844, Donald Hess prit les rênes de la société alors qu'il n'avait que 20 ans. Les activités comprenaient une brasserie, un petit vignoble à Nyon, un hôtel au Maroc et l'eau minérale Valser.

Amoureux de la Californie
«La bière était mauvaise, deux de nos vignerons étaient alcooliques et le vin était plus proche du vinaigre que du vin blanc», raconte Donald Hess. Sa première décision de patron fut de vendre le vignoble de Nyon. Des années plus tard, il préféra se retirer du Maroc après avoir recruté deux gérants d'hôtels appartenant au Roi Hassan II.

Avec l'argent de la vente des 5 hôtels qu'il possédait alors au Maroc, Donald Hess est parti aux Etats-Unis avec l'intention d'acheter une source d'eau minérale. «Mais je suis tombé amoureux de la Californie et je me suis dit qu'il fallait que je fasse ce que je voulais vraiment, c'est à dire du vin.»

En 1976, il prospecte à Napa. Dans cette petite vallée, l'accueil de l'étranger n'est pas toujours facile, mais plus aisée que dans des terroirs plus anciens. «L'Amérique a toujours les bras ouverts, ce n'est pas comme en France ou ailleurs en Europe où les gens sont fermés et nationalistes», affirme Donald Hess. «J'ai été très bien reçu par les grands propriétaires de vignobles, en particulier Robert Mondavi qui m'a incité à m'installer et m'a aidé à trouver de bonnes terres.»

Ami de Mondavi
Donald Hess reconnaît volontiers que «si vous étiez ami de Mondavi à l'époque, vous n'aviez pas beaucoup d'ennemis», vu la dominance du patriarche italo-américain. Il reconnaît aussi que son acquisition de 1000 hectares en 1978 «n'a pas beaucoup plu aux petits producteurs». «Il m'a fallu trois ans de discussion avec eux pour qu'ils comprennent que tous les producteurs de Napa seraient plus forts à l'extérieur de la vallée s'ils étaient unis», se souvient-il.

Quand il ouvre la Hess Collection au public en 1989, Donald Hess présente non seulement les vins qu'il produits, mais aussi les oeuvres d'art qu'il aime. «Je ne suis venu à l'art que très tard», dit-il, en soulignant que les murs de la demeure de son père étaient nus.

Il s'initie à l'art avec une amie galeriste et achète sa première oeuvre sans savoir qu'il s'agit d'un Picasso. Aujourd'hui, il apparaît régulièrement au classement des 200 plus grands collectionneurs d'art du monde que publie chaque année le magazine américain ArtNews.

«Depuis le début, l'un de mes critères de choix, c'est de voir si une peinture m'empêche de dormir. Ca me permet de savoir si elle me touche vraiment», indique Donald Hess. Sa démarche de collectionneur se focalise sur les artistes vivants.

«J'essaie d'acheter des œuvres à de jeunes artistes et presque toujours sans intermédiaire. Quand ils sont plus connus, je les aide souvent à trouver une galerie», explique-t-il. La Collection Hess montre ainsi des oeuvres des Américains Robert Motherwell et Frank Stella ou des Suisses Franz Gertsch et Rolf Iseli.

Développement durable
«J'apprends beaucoup des artistes, je suis d'ailleurs devenu un agriculteur biologique grâce à l'un d'entre eux», note Donald Hess. Dans les années 60, Rolf Iseli a en effet informé Donald Hess qu'il ne pourrait plus lui vendre ses œuvres car l'homme d'affaires était impliqué dans des industries polluantes. «Au bout de six mois, il m'a convaincu qu'il fallait faire quelque chose pour sauver la planète.»

Aujourd'hui, la Hess Collection adhère aux principes du développement durable, non seulement dans les pratiques de culture du vignoble, mais aussi dans la gestion des déchets ou la réduction des rejets de gaz carbonique.

Donald Hess s'inspire d'ailleurs de l'expérience accumulée à la Hess Collection pour ouvrir d'autres lieux qui associent le vin et l'art. «Nous avons reproduit ce modèle au vignoble de Glen Carlou, en Afrique du Sud, où nous avons un petit musée qui montre des artistes africains aux côtés d'artistes américains ou européens, et à Colomé, en Argentine, où nous ouvrons en ce moment notre tout dernier vignoble avec un assez grand musée consacré à James Turrell, l'artiste américain qui travaille avec la lumière.»

swissinfo, Marie-Christine Bonzom, Napa, Californie
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