Première partie
Les Grecs et les Égyptiens de l'Antiquité l'avaient bien compris : le vin doit être conservé à l'abri de l'air, dans des récipients étanches. Si les premiers connaissaient et utilisaient déjà le bouchon de liège, les autres, en revanche, recouraient surtout à des cires ou à de la poix (substance résineuse) pour obturer leurs amphores. Au Moyen Âge, les vins étaient conservés en barriques. Des bondes en bois enveloppées de toile garantissaient alors une meilleure étanchéité.
L'arrivée, au 17e siècle, de la bouteille en verre a forcé les producteurs à faire preuve d'imagination. Des bouchons de verre sont bien apparus ici et là , mais ils étaient à la fois coûteux et peu pratiques pour l'obturation de la bouteille. Peu à peu, cependant, les bouchons de liège sont devenus la norme pour assurer l'étanchéité et la bonne conservation du vin à l'intérieur de sa cage de verre.
Pour des raisons d'hygiène et d'esthétique, les bouchons sont ensuite lavés à l'eau de Javel ou avec une solution chlorhydrique. Ensuite, on les rince puis on les plonge dans un bain d'acide oxalique afin de neutraliser d'éventuels résidus de chlore. Les bouchons sont rincés une dernière fois à l'eau claire, avant d'être séchés à l'air chaud. Les bouchons défilent sur un tapis roulant pour un premier triage visuel. Ils sont classés d'après leur porosité, leur taille et leur nombre de lenticelles.
Il s'agit d'un travail presque toujours fait à la main. Moins le bouchon renferme de lenticelles, meilleure est sa qualité. Les bouchons avec trop de lenticelles peuvent par contre être améliorés par colmatage. On remplit alors les pores avec un mélange à base de poussière de liège et de colle et on obtient ainsi un bouchon colmaté de belle apparence et de bonne qualité.
D'où vient le liège?
Le liège est un tissu végétal provenant d'un arbre de la famille du chêne. Ce chêne-liège, de son nom latin Quercus suber, se retrouve surtout dans les pays méditerranéens.
Le Portugal et l'Espagne en abritent le plus grand nombre, étant donné leurs conditions climatiques favorables: climat hivernal tempéré et étés secs.
Le chêne-liège, qui peut vivre jusqu'à 200 ans, ne fournit le précieux matériau tiré de son écorce qu'à partir de sa 30e année.
Le liège est recueilli en épluchant l'arbre comme une banane. Par la suite, ces "levées" vont s'effectuer à tous les 9, 12 ou 15 ans.
Enfin, dernières étapes du processus de fabrication, les bouchons sont marqués puis subissent un traitement de surface. Le marquage consiste à estampiller un nom ou un logo sur le bouchon. Le traitement de surface permet de son côté de contourner le problème du coefficient de friction élevé.
En effet, à l'état brut, les bouchons de liège glissent mal, ils sont difficiles à utiliser. Le traitement lubrifie le liège, et facilite la compression du bouchon de même que son introduction dans le goulot de la bouteille. On emploie généralement à cette fin de la paraffine et/ou du silicone. L'inconvénient avec la paraffine, c'est qu'elle s'altère sous l'action de fortes variations de température. Elle peut aussi véhiculer certains micro-organismes, vecteurs de mauvaises odeurs. C'est en partie pourquoi le silicone a fait son apparition comme traitement de surface.
La fabrication du bouchon
On lève l'écorce à la main, en mai et juin. Après avoir pratiqué une entaille horizontale, l'ouvrier introduit la lame de la hache entre l'écorce (liège) et l'arbre pour les séparer délicatement, sans endommager ce dernier. On obtient, au terme de l'opération, une planche de liège.
Le liège n'est pas que lent à se former : il demande également une préparation longue et soignée. Les planches de liège sont d'abord recueillies puis exposées à l'extérieur, aux intempéries, durant une période variant entre un et deux ans. Leur séjour à l'extérieur terminé, les planches sont mises à bouillir pendant 30 à 60 minutes pour éliminer les impuretés et les parasites pouvant se loger dans les lenticelles, les pores du liège. Les planches reposent ensuite dans une pièce chaude, humide et sombre. Au bout de trois semaines, les planches sont triées et classées en fonction de leur épaisseur et leur aspect visuel. Celles trop minces ou avec trop de lenticelles sont rejetées.
Les planches sélectionnées sont ensuite coupées en bandes d'une largeur équivalente à la hauteur du futur bouchon. À l'aide d'un appareil à lames tubulaires opéré de façon manuelle ou mécanique, on découpe les bouchons (le "tirage") dans le sens vertical de la bande de liège. Le sens du tirage est important, car les lenticelles doivent être dans le sens transversal du bouchon et non sur sa longueur, ce qui pourrait créer une dangereuse voie d'accès entre le vin et son environnement extérieur.
À cause des multiples tris au niveau des planches de liège et des retailles générées par le découpage des bouchons, on accumule beaucoup de déchets. Or, on peut réduire ce liège en morceaux et reconstituer la planche ou le bouchon pour fabriquer des bouchons agglomérés. Les granulés obtenus sont triés en différentes catégories – fins, moyens ou gros – selon leur taille et leur densité, à l'aide d'un tamis ventilé.
Les morceaux sont liés entre eux par une colle et moulés selon quatre méthodes: le boudinage, le tubage dans des plaques d'agglomérés, le moulage individuel ou le moulage par centrifugation. Dans le cas du boudinage, le mélange granulés-colle est comprimé dans des tubes à l'aide de pistons. Les boudins sont ensuite coupés à la longueur désirée. Le mélange granulés-colle peut aussi être moulé sous forme de plaque que l'on traite de la même façon que le liège naturel: on coupe en bande, puis on découpe les bouchons. Pour le moulage individuel, chaque moule est rempli avec une quantité de mélange granulés-colle de poids et de volume identiques. Enfin, le moulage par centrifugation, récemment mis au point, n'est privilégié que par certains bouchonniers.
Avant l'expédition, les bouchons sont emballés dans des sacs hermétiques et "stériles", c'est-à -dire contenant très peu de germes. Pour ce faire, on injecte du SO2 dans le sac sous forme gazeuse ou par radiation. Cette dernière méthode nécessite l'utilisation de sacs légèrement perforés, pour permettre une certaine aération.
Source : http://www.vinexpert.com en collaboration avec Christine Leroux, oenologue