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[Didier]

J'aurai pu tout aussi bien placer ce sujet en rive droite...
Au Gand Tasting j'ai volontairement "entrepris", quelque peu provocateur, certains propriétaires et représentants de crus prestigieux de Bordeaux sur le thème: "Allez-vous pour le 2009 à nouveau pêter les plombs comme en 2005 et mépriser votre clientèle française et européenne, qui était historiquement fidèle et fiable et qui elle, vous achète aussi les millésimes moyens que vous avez bien du mal à vendre à l'export?"
Parmi les réponses j'ai eu deux écoles qui se sont affrontées ; deux grands vignerons (BOYD-CANTENAC à MARGAUX et ROUGET à POMEROL) m'ont assuré qu'ils sauraient rester raisonnables et continuer à vendre leurs vins dans des tarifs proches de ceux pratiqués actuellement ; par contre je n'ai pas été trop apprécié dans mon propos par deux autres qui, avec des non-dits et de belles politesses me faisaient comprendre que mon discours était peu apprécié (pour éviter toute polémique je préfère taire leurs noms). Ce qui m'a le plus surpris est quand je leurs ai dit que nombre d'amateurs étaient en train de se lasser des grands Bordeaux en raison de leurs excés tarifaires passés et qu'il existait plein de belles autres régions viticoles ; ils étaient incrédules. Comme s'ils vivaient en marge de la réalité et qu'ils ne comprenaient pas ce que je leurs disais. C'était presque surréaliste!!!

[Winemega-Alain]

Merci Didier de ce petit "micro-trottoir" recueilli dans les allées du Grand Tasting.

Il est indéniable que certains bordelais ont encore la tête dans les étoiles. Peut-être font-ils partie des rares crus privilégiés sur lesquels la crise n'a pas vraiment eu de prise? Cependant, je pense qu'une vaste majorité d'acteurs de la place sont parfaitement conscients que l'avenir du bordelais, dans sa configuration actuelle, est très loin d'être assuré.
D'autre part, dans le schéma classique de fixation des prix, le château ne tient pas nécessairement le couteau par le manche. Car finalement, ce sont les négociants, par l'intermédiaire des courtiers, qui fixeront le prix départ château. Et ce prix sera clairement fonction de l'intérêt pour le millésime de la part des clients du négoce en aval. Vu la qualité de 2009, l'intérêt est certes là. Cependant, la crise économique ainsi que la force de l'Euro (et en corrolaire, la faiblesse du dollar) va tempérer les hausses de prix.

A mon avis, nous risquons cependant d'assister à un découplement des prix, peut-être encore plus marqué qu'en 2005. C'est à dire que les Top 25 propriétés "spéculatives" de Bordeaux verront leurs prix de sortie pour le 2009 se mettre en phase avec les prix actuels du marché pour les 2005. Ceci à cause de la demande internationale dont l'intérêt se portera, quasi exclusivement, sur les étiquettes les plus prestigieuses car ce sont elles qui ont le plus de potentiel d'appréciation à moyen terme. Par contre, pour les autres châteaux, j'ai l'impression que les niveaux de prix des 2009 va rester relativement sage.. probablement au-dessus de 2008 - vraisemblablement pas loin de 2007.. voire peut-être de 2006. En tout cas, je suis convaincu qu'il y aura des opportunités de 2009 formidables à acheter pour les vrais amateurs de bons vins, sans forcément les mettre sur la paille.

Ce qui me semble assez clair, concernant les prix, c'est que le fossé va encore s'accroitre entre les "Top 25" et tous les autres lors de la prochaine campagne primeurs.