Élaborer du rosé en associant du blanc et du rouge.Ça ne choque pas Bruxelles... Ni Paris d'ailleurs.
Les puristes auront du mal à s'en remettre : la Commission européenne a bien l'intention d'autoriser le mélange entre les vins rouges et les vins blancs pour élaborer du vin rosé. Rien à voir avec les techniques d'élaboration qui prévalaient jusqu'à aujourd'hui, et qui faisait du rosé un vin à part (1).
Ce vin, très en vogue, suscite la convoitise de quelques grands industriels. Ces derniers sont en passe d'obtenir gain de cause pour le fabriquer à moindre frais. Bruxelles a proposé récemment aux États membres de l'Union de mettre à jour les pratiques oenologiques autorisées dans la Communauté. Son modèle ? Les vins australiens, chiliens ou sud-africains.
Du rosé toute l'année
Mise à part quelques protestations des Allemands, des Italiens et des Grecs, rien ne semble pouvoir arrêter la Commission. Même la France ne s'est pas opposée aux nouvelles normes, lors d'un premier vote indicatif, il y a quelques semaines. Le texte devrait donc être définitivement adopté au mois de mai.
C'est une « aberration tant en terme d'évolution des techniques d'élaboration qu'en terme d'impact sur les consommateurs », regrette Xavier de Volontat, le président de l'Association générale de la production viticole française (AGPV), dans un courrier adressé à Michel Barnier. Les professionnels craignent la confusion entre les véritables rosés et des vins blancs « rosis » avec quelques gouttes de rouge.
Ils redoutent aussi une véritable catastrophe pour leurs vins qui répondent à une saisonnalité très marquée. Car, dès lors qu'il sera possible de mélanger les couleurs, les rayons des grandes surfaces pourront sans problème proposer toute l'année du rosé bon marché en quantité industrielle.
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