"Ces gros vins, bagarreurs impénitents, remplissent admirablement un rôle: gagner dans les dégustations comparatives. Habituellement, ces vins ont tout donné dès le premier contact, alors qu'un grand vin est une question de nuances, de découverte, de subtilité, d'expression... autant de qualités vous incitant à y revenir pour goûter encore. Écarter un vin parcequ'il manque de corps, c'est comme ne pas vouloir d'un livre sous prétexte qu'il est trop court..."
Ces propos tirés du livre "Mes aventures sur les routes du vin" de Kermit Lynch m'ont fasciné.
En effet, je constate très souvent que les vinophiles choisissent des vins corsés, corpulents sans égard à la finesse, à l'élégance. Ces vins les comblent d'emblée sans se soucier du plat ou des circonstances, de son utilisation. Et la tendance ne s'affaiblit pas. Les vins ayant séjourné en cave et qui ont de ce fait perdu la rugosité, la lourdeur sont déclarés agonisants. Les vins champions "poids lourds" masquent les arômes des plats, anesthésient les papilles et mettent en veilleuse toute discussion. Certes ils ont des occasions de se faire valoir: prenons un rôti de boeuf cuisson saignante ou bleu. Cet élixir dans ce cas, fera des heureux. Ils ont la cote populaire dans les dégustations pour leur haut degré d'alcool et leurs tanins volumineux ¸,et leur amplitude en bouche s'avère envoûtante mais il y a d'autres vins fins, savoureux qui apporteraient du raffinement à certains plats. Il faut élargir nos horizons, approfondir nos connaissances et rechercher la finesse qui n'est pas synonyme de légèreté.
On a un bon bout de chemin à faire. Quelle bonne discussion peut s'en suivre! Le prix du vin, les goûts différents, les situations de dernière minute, les conseillers à trouver, les traditions à défaire... enfin!
Par René Millette
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