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[Vincent R.]

Depuis certaines lectures récentes ici et ailleurs, je me pose cette question:

Les vins que l'on déguste et le style de vin que l'on goute ont ils tendance à modifier notre capacité à poser un CR fiable sur un vin?
Ne finit on pas par rechercher dans un vin une synthèse de ce qu'on a croisé de meilleur auparavant?

D'où me vient cette idée? D'une discussion commencée avec Patrick sur Clos de Tart. Patrick en réaction à une note très élevée attribuée au 2001 précisait que ce vin était en réalité relativement faible. D'un autre coté, en allant sur DC, on trouve certaines critiques relativement défavorable au 98 alors que dans le même temps, on trouve sur LPV un remarquable CR de Luc Javaux et Thierry au sujet de ce même vin.
D'où ma réflexion: A boire beaucoup de vins de Bourgogne, ne devient-on pas trop dur avec ce que l'on aime et en corrolaire, à en boire peu, n'a-t-on pas tendance à surnoter ces vins différents, qui, en s'écartant de ce Graal que l'on recherche, ouvrent de nouvelles voies?

NB: Je précise pour Patrick, Luc, Thierry et les autres que ma question n'a rien d''une provocation et que j'ai une profonde admiration pour leur capacité à déguster et à faire partager leurs impressions

[Stéphane VILLETTE]

Vincent,

Sujet très intéressant, car je me reproche souvent d'être trop dur avec certains petits vins et à l'inverse, de mettre des notes assez élevés lorsque je suis séduit.

Il existe aussi un phénomène qu'intrigue un peu ! Les bouteilles que nous dégustons sont elles réellement toutes au même niveau ? Je pense que l'on peut affirmer que non, sans craindre de se tromper. A moins qu'elles ne viennent de la même cave, qu'elles n'aient pas subi de troubles particuliers et qu'elles soient dégustées au même moment. C'est pour cela que pour moi un avis de plusieurs dégustateurs, vaut mieux qu'un seul !

Voici comment j'essaye de rester le plus juste possible. Je suis l'un des seuls à apporter une importance toute particulière au rapport prix/plaisir. Evidement, cela ne vaut pas pour les dégustations à l'aveugle qui sont notées en valeur absolue.

Mais il n'est pas rare dans mon système de notation de trouver deux vins avec des écarts de prix considérables, avec pour moi un plaisir similaire et pourtant le moins cher peut se retrouver avec une note supérieure. Bizarre me direz-vous ? Pour moi non ! Si tu te rappelles bien notre dernière dégustation, nous avions abordé le sujet en goûtant un vin qui ne t'avait pas branché et que je trouvais très intéressant dans mes critères.

Je trouve aussi, que l'ambiance de la soirée peut parfois avoir son effet ! Quand certains entendent tout le monde dire : "quel grand vin, il est magnifique ...", ils ne se posent pas la question de savoir, si eux aiment réellement ce vin ! Je ne le répéterais jamais assez, le meilleur vin est celui que l'on préfère !

Il évident pour les grands amateurs que tu as cité qu'il doit être parfois difficile de faire le vide et donner vraiment une note plaisir ! Mais peut-être, il sle diront eux-même !

@micalement.

Stéphane.

[vinosophe]

[Les vins que l'on déguste et le style de vin que l'on goute ont ils tendance à modifier notre capacité à poser un CR fiable sur un vin?
Ne finit on pas par rechercher dans un vin une synthèse de ce qu'on a croisé de meilleur auparavant?

]...Il me semble intéressant de se poser cette question en effet!...et la poser est , en partie, y répondre!...je pense réellement que beaucoup cherchent trop souvent à "comparer" le vin qu'ils dégustent à ce qu'ils connaissent bien et qu'ils ont l' habitude d' apprécier!...ce fût sans doute un peu mon cas...en particulier dans mes premières années de dégustations...même à l'aveugle!...il faut un apprentissage (plus ou moins long) pour apprécier pleinement un style de vins que l'on ne connaît pas!...Combien de fois entendons-nous quelqu'un s'exclamer:" Ah NON, les vins de cette région je n'aime pas!"...alors qu'il n'a dû en boire que 2 ou 3 fois dans sa vie !!!

Je me souviens de mes premières dégustations de VINS JAUNES il y a une petite vingtaine d'années: je ne peux pas dire que ce style de vin m' était particulièrement "flatteur"...mais j'ai appris en les goutant et les regoutant...Quel plaisir maintenant!
De même, j'ai longtemps été assez "hostiles" à la richesse alcoolique des vins du Rhône sud et j'ai appris à apprécier leur richesse, leur côté savoureux et épanoui après quelques années de bouteilles!...de même pour de nombreux grands vins étrangers qui m'étaient inconnus il y a 20 ans et qui me sont aujourd'hui plus "familiers"!...les grands vins Italiens, Espagnols ou Australiens sont parfois de pures merveilles!

A l'heure actuelle, je pense avoir gouté des centaines (voire quelques milliers) de vins de chaque région viticole Française et je pense être arrivé à un degré d' objectivité bien supérieur à ce qu'il était il y a 10 ans...j'apprécie les vins de toutes les régions et de tous les pays...même si, effectivement, un facteur "goût personnel" peut apparaitre!...et surtout un rapport "qualité-prix / plaisir) qui doit rentrer en ligne de comptre pour ses achats!...

La seule chose qui me différencie de Stéphane par exemple (en dehors de l' âge!) c'est (peut-être) ma faculté à noter un vin pas seulement en fonction du plaisir immédiat, mais aussi en fonction de sa qualité intrinsèque et de sa complexité, et bien sûr de son potentiel...

Pour moi, il y a "du meilleur" dans toutes les régions viticoles et je peux apprécier des vins de tous les pays...j'essaie ainsi de faire un compte-rendu objectif...même si ce n'est pas toujours facile!...l'essentiel dans tout cela est que nous prenions du plaisir en dégustant de TRES BONS vins, quelle qu'en soit l'origine!

CHRISTOPHE

[Winemega-Alain]

Vincent, la question est intéressante, en effet..

Comme Christophe, j'avais auparavant tendance à comparer chaque vin à une référence qui représentait mon graal personnel. Tout ça était parfait, jusqu'au moment où je me suis mis à déguster de plus en plus de vins de régions autres que celle de ma référence personnelle (Bordeaux, bien sûr!). Difficile alors, si ce n'est impossible de comparer des pommes et des poires.

Aujourd'hui, je me concentre davantage sur quelques éléments clé:

- Harmonie des sens (vue, odorat, goût)
- Combinaison bouquet / sensations en bouche (intensité, complexité..) sur le début, le milieu et la fin de bouche
- Intensité et équilibre des sensations (fruit, tannin, acidité, concentration..)
- Persistance, finale, rétro-olfaction
- Plaisir ressenti, potentiel du vin à terme
- Evolution des sensations sur le temps de dégustation

Ainsi, quelle que soit la variété, l'origine ou le prix du vin dégusté, j'arrive plus objectivement à en déterminer les qualités intrinsèques propres et non plus relatives par rapport à une référence donnée.

Concernant le Clos de Tart (Mommessin), c'est une propriété que j'ai souvent goûté dans les millésimes des années 80 et 90, le dernier millésime que j'ai bu étant justement.. 98!
Je ne connais pas le 2001 dont tout le monde à l'air de s'accorder sur la haute tenue (il semble que 2002 soit également magnifique..).
Cependant, sur les décennies précédentes, je ne garde pas toujours un souvenir proprement exceptionnel des vins de ce domaine. Le domaine était même parfois assez.. irrégulier. Mes années marquantes sont (de mémoire): 1985, 1990. J'ai eu des 1995 excellentes et d'autres décevantes. Le 1998 (goûté seulement une fois au début des années 2000) ne m'avait pas donné particulièrement envie de casser ma tirelire.. Mais il faudrait bien entendu que je le regoûte aujourd'hui!

Alain

[FGsuperfred]

bonsoir à tous
quand je goute un vin il y a 2 choses : soit j'aime soit je n'aime pas
mais trop de vins auxquels on peut mettre une bonne note car c'est ce qui est recherché
c'est pourquoi dans mon système de notation (pour mon seul avis de petit (tout)amateur) comporte 3 choses :
1/ le nez, les arômes, la complexité et l'intensité et tout ce qui s'ensuit (sur 20)
2/ la bouche, l'harmonie, la finale (sur 50)
3/ ce que quasiment personne ne fait : le PLAISIR PRIS à boire ce vin en gros si j'aime ou pas (sur 30)

comme ça les 2 premiers permettent d'analyser la bouteille présentée et le 3° permet de donner son avis perso sur le fait que j'aime ou pas qui rentre du coup dans la note
je ne suis pas assez "calé" pour juger d'un potentiel des très grands vins car n'ai pas assez d'expérience même si j'ai beaucoup (pour mon âge) gouté de choses...
voilà ma réponse personnellement à moi je

[Frédéric B.]

Voilà comment je fonctionne:

1) Dégustation - note "plaisir"
Personnellement, et à mon propre degré de connaissance, mon échelle de valeur est la suivante: robe, aucune incidence sur ma note. Le nez, oui, ce que j'y trouve (la "sensation" alcoolique est assez rédhibitoire), et le plaisir qu'il peut évoquer chez moi. Pour la bouche: l'équilibre, la matière, la finesse des tannins (pour les rouges) et l'acidité (pour les blancs), l'intégration de l'alcool, la palette aromatique, la finale, et d'autres petites choses... Le plaisir dont parle Fred est la conséquence de tout ça, pour moi. Mais sinon, j'ai le même avis. Ma note est une pure note de plaisir: je ne suis pas encore assez compétent pour projeter un potentiel (il est possible que ça vienne, dans 5 ans, 10 ans, 30 ans), et si c'est le cas, je verrais plus une note principale, et en annexe, un "potentiel" (cela permettrait d'avoir deux infos: pour un 17, on ne sait pas si c'est 16 + 1 en potentiel, ou 17 + 0 en potentiel / Là on aurait par exemple 16 (+1P), ou 16 (+2P), au lieu de 17 ou 18).

2) Après dégustation - rapport plaisir/prix
Une fois la dégustation terminée, et l'étiquette découverte, intervient un paramètre essentiel: le rapport plaisir/prix. Si, à l'aveugle, je ne me régale pas avec une bouteille à 30, 40, 50 euros, je me pose systématiquement des questions. Problème de bouteille? Bouteille "fermée"? Potentiel possible (là, j'essaye d'extrapoler)? Si la mésaventure se répète sur plusieurs millésimes, à différents stades de la vie du vin, j'arrête d'acheter, et d'encaver. Quand on me dit: "tu n'as pas compris le vin", je réponds que ce n'est pas grave. Car je ne bois pas du vin pour le comprendre, mais pour l'aimer.
Quand je fais déguster un vin de cépage ou un vin de table à 4 euros à côté d'un Pauillac à 15 euros, à l'aveugle total, et que les participants placent tous le "petit" devant, je suis content, pas parce que j'ai "piégé" un vin (il s'agit de répéter l'opération plusieurs fois, avec des bouteilles et millésimes différents), mais parce que je peux acheter un vin qui régale tout le monde sans me ruiner. Et je permets aussi à des dégustateurs de réfléchir sur l'idée de ne pas céder aveuglément au prestige de l'étiquette, ou aux trompettes de la renommée, sans avoir préalablement goûté. Le vin peut ne pas être au goût personnel du dégustateur... ou le prix sans rapport avec sa qualité (subjectif, mais analysable).