Une maison alsacienne bien connue des amateurs de grands vins et de gastronomie vient d’obtenir le titre national de « vigneron de l’année » 2012 : le domaine Albert Mann, à Wettolsheim .
L’Alsace est encore à l’honneur . « Après le titre de Masterchef remporté par Élisabeth Biscarrat , le prix Nobel de Jules Hoffmann , le titre de Miss France de Delphine Wespiser , la Revue des vins de France , titre prestigieux et influent du monde viticole français , a retenu une maison alsacienne comme ‘’vigneron de l’année 2012’’ », note Jean-Louis Vézien , directeur du Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace .
Les lauréats , ce sont Maurice et Jacky Barthelmé , et leurs épouses Marie-Claire (Mann , fille d’Albert Mann) et Marie-Thérèse , qui ont repris ensemble le domaine Albert Mann en 1989 .
« Cette reconnaissance est un motif de fierté . Elle illustre les efforts accomplis dans le vignoble alsacien depuis la guerre », insiste Maurice Barthelmé , 52 ans , d’abord apprenti boucher . Il allait s’engager dans l’armée lorsque son père et ses oncles , les frères Marcel et Bernard Blanck , à Kientzheim , ont trouvé les arguments pour le garder au vignoble familial .
Sur les 21 hectares du domaine , Maurice se charge des vignes . La vinification est confiée à son frère , Jacky Barthelmé, 48 ans , connu pour ses exploits de basketteur à Kaysersberg . La Revue des Vins de France salue tout autant « le travail de Marie-Claire , qui gère le domaine, et de Marie-Thérèse , qui en assure , avec brio , la promotion dans le monde ».
Mais les vignerons de Wettolsheim insistent avant tout sur leur objectif commun : faire le vin le plus authentique possible , le plus près du terroir , celui qu’aucun pays du monde ne peut copier. Leur pratique : l’agriculture biologique depuis 1997. Maurice a suivi les cours du soir dans le cadre de l’enseignement pour adultes donnés par le lycée de Rouffach . Parmi ses maîtres , il compte des techniciens et praticiens de la biodynamie , Pierre Masson , François Bouchet et Jean-Michel Florin .
Pour le choix des plants de vigne , le domaine pratique la sélection massale qui consiste à choisir et à reproduire les plus beaux ceps . « Nous nous basons moins sur une conception mécanique que sur l’observation , la compréhension du sol , la connaissance de ce qui y vit . Nous cherchons à produire ce que le terroir peut donner. Les marnes profondes du grand cru Hengst peuvent produire davantage que d’autres types de sol », explique Maurice . Le rendement moyen de la maison : 24 hl par hectare en 2010 , 45 hl/ha l’an passé .
Pour la récolte , Jacky a un principe : « Un fruit pourri qu’on ne peut pas manger, on ne le prend pas : le vin ne sera jamais que le reflet du raisin . » La vendange est manuelle . Pour ne récolter que le raisin mûr , deux passages sont éventuellement prévus . Le raisin est posé dans des caissettes de 20 kg ou en botiches à moitié pleines . Il est pressé entier , ni égrappé , ni foulé , ni pompé .
Les liquoreux (vendanges tardives et sélections de grains nobles) profitent d’un pressurage vertical . Pour le reste , le domaine utilise un pressoir pneumatique avec des pressurages longs . La fermentation va de quelques semaines à quelques mois . Il n’y a ni collage pour clarifier et stabiliser le vin , ni enzyme pour améliorer la qualité du vin . Un minimum de soufre permet la conservation .
« Les vins expriment , avec une précision d’orfèvre , les nuances de leur terroir . Qu’il s’agisse du riesling Schlossberg à la minéralité cristalline , du gewurztraminer Furstentum aux intenses parfums exotiques , des vendanges tardives , sélections de grains nobles ou des pinots noirs complexes , chaque vin est ici impeccablement calé dans son expression », explique La Revue des vins de France .
Au domaine Albert Mann , on est conscient que désormais , « il va falloir de la rigueur pour durer ». Et transmettre ce savoir-faire .
Dans le monde entier
Il y a 20 ans , lorsque le domaine s’est agrandi , il a bien fallu chercher de nouveaux marchés . Les Mann se sont alors décidés à se tourner « vers la belle gastronomie et le grand export ». Aujourd’hui, sur les 120000 cols que la maison produit par an , près de 60 % sont exportés dans 35 pays , aux quatre coins du globe , des États-Unis à l’Australie , de la Suède au Brésil . Elle est à la carte de grandes tables : l’Auberge de l’Ill en Alsace , l’Arpège à Paris , le Diverso à Madrid ou le Jean-Georges à New-York .
Source : Denis Ritzenthaler
http://www.lalsace.fr/actualite/2012/01 ... -l-affiche