Passage au domaine jeudi dernier, l’emploi du temps très chargé ne nous a permis de faire qu’une seule visite et c’est naturellement que j’ai contacté Pascale Chicotot pour savoir si nous pouvions être reçus dans cette période très active d’après vendanges.
Nous sommes reçus par toute la famille: Pascale, Georges et leur fils Clément que nous rencontrons pour la première fois en chair et en os
. Nous avons eu une discussion absolument passionnante sur les évolutions au domaine (à la vigne comme au chais) mais également sur l’histoire de Nuits-Saint-Georges et ses climats. On ressent la passion qui anime Clément et même si 2021 fût compliqué à l’entendre tout parait simple. Surtout, tout est réfléchi, intelligent et à l’écoute de la nature. En cave Pascale commence à passer le relais depuis 2020. Là aussi Clément apporte des idées nouvelles qui donnent parfois lieu à de beaux échanges entre les générations
. Pour l’anecdote le travail est si méticuleux que la moindre petite vis d’une cuve inox est rendue impeccable avant les vinifications !
Nous avons discuté 2 belles heures avant de laisser Clément retourner à ses obligations et passer en cuverie avec Pascale pour une petite dégustation de quelques bouteilles ouvertes, le temps manquant pour refaire le tour des 2020 en cave.
On commence par une surprise, un très bel exercice de dégustation offert par Pascale qui s’en va tirer d’une cuve un peu de
Nuits-St-Georges 1er cru les Saints-Georges 2021. N’ayant jamais dégusté un vin ainsi à l’aube de sa vie et ne pouvant me projeter sur son avenir je resterai sur des impressions générales. Le nez est d’une très grande pureté et ce sont surtout les arômes floraux qui dominent à l’heure actuelle avec de la violette comme je n’en ai jamais ressenti sur le cru. Je ressens des petites notes de fruits rouges en arrière plan, plutôt groseille. En bouche on a une belle tapisse, on est sur une texture moins voluptueuse que sur les derniers millésimes mais avec tout de même une sensation d’étoffe. Longue finale florale.
On passe ensuite au
Nuits-St-Georges 1er cru les Rues de Chaux 2018. Un climat que je goûte de mieux en mieux notamment depuis le splendide 2017 (et le 2020 qu’il ne faudra pas manquer...). Un nez ouvert, délicat, où se mélangent les petits fruits rouges et noirs, une petite pointe florale caractéristique du cru. En bouche le jus déroule suave avec une belle matière qui enrobe rapidement tout le palais, tanins délicats et légèrement veloutés. Longue finale, fraîche et fruitée. Un vin qui descend vite sur table
Pascale nous sert ensuite le
Nuits-St-Georges 1er cru aux Toreys 2018. Légère pression pour le dégustateur puisqu’un savoyard sévissant sur ce forum a eu un coup de cœur pour ce vin
Très joli nez, également délicat mais plus floral que fruité (on est côté Vosne) avec ces notes classiques de pivoine, puis la mûre, pointe cerise. Joli fond réglissé. En bouche on passe une marche avec un peu plus de matière, de soyeux dans la texture, plus de puissance mais le vin est totalement équilibré grâce à une belle acidité qui gaine le fruit. Longue finale, puissante, florale. Le climat préféré de Stefanie
On se lance dans une comparaison avec les 2019.
On débute donc avec le
Nuits-St-Georges 1er cru les Rues de Chaux 2019. La robe rubis est un peu plus sombre que celle du 2018. 3ème fois que je déguste ce vin au domaine et il ne fait que s’améliorer... mais où s’arrêtera t’il? On retrouve au nez de beaux arômes de petits fruits rouges (groseille, framboise), cette pointe florale sur fond épicé réglissé avec une petite touche moka (boisé?) sur ce millésime. Bouche gourmande (je trouve ces 2019 d’une rare gourmandise) avec des arômes de fruits rouges et noirs, grosse matière et concentration, les tanins sont fins et soyeux, longue finale fruitée et florale mais sans la fraîcheur de 2018. Comme l’a écrit Thierry il faudra être patient pour profiter de cette très belle bouteille.
Enfin le
Nuits-St-Georges 1er cru aux Toreys 2019. Ici aussi la robe est plus sombre qu’en 2018. Un nez assez proche de 2018, on retrouve la pivoine, la cerise et les fruits noirs sur un joli fond boisé. En bouche la texture est très soyeuse, grosse matière portée par une acidité gourmande. Très belle équilibre malgré la grosse concentration. Ca envoie des arômes floraux et de fruits noirs dans tous les sens. Très longue finale, fraîche et florale. Grand vin !
J’ai toujours une préférence pour 2019 face à 2018 même si il est difficile de savoir comment évolueront vraiment ces vins qui semblent être de grande garde. Pascale me fait remarquer, à raison, qu’il y a plus d’acidité en général dans Les 2018 et que ceux-ci iront probablement plus loin dans le temps. Je ne boude pas mon plaisir de pouvoir faire de beaux matchs comme celui-ci dans quelques années.
Pour finir ce ne sera pas un mais deux vins mystères qui seront servis. Très franchement je n’ai même pas tenté de deviner tant c’était compliqué cette fois
Lisant régulièrement que les 2005 ne s’ouvriraient peut-être jamais Pascale nous sert un
Nuits-St-Georges les Charmottes 2005. Et là bam la claque le vin commence effectivement à être bien ouvert, on a encore de beaux arômes de fruits rouges qui se mêlent à des arômes tertiaires. En bouche les tanins sont bien fondus, c’est soyeux, ca descend très vite... 2005 est bien le grand millésime annoncé.
Le dernier vin dégusté sera un
Nuits-St-Georges 1er cru les Rues de Chaux 1995. Très belle robe tuilée et brillante. Au nez ce sont vraiment des arômes de champignons nobles grillés (cèpes, chanterelles) qui nous envahissent les narines sur un fond floral type roses fanées. En bouche ca envoie également et on imagine les plats d’automne qui pourraient accompagner ce divin breuvage. Et moi qui disait à mes hôtes que je dégustais ce climat de mieux en mieux....
Encore un très bon moment passé à Nuits malgré un emploi du temps surchargé. Merci à Pascale, Georges et Clément pour leur merveilleux accueil, leur sincérité, leur simplicité. Nous reviendrons bien sur