par Bebert » Mar 14 Fév 2012 19:49
Bon, je vais essayer de faire simple...
Commençons par un rappel.
Jusqu'à aujourd'hui, seuls les raisins et la culture du raisin avait une charte et étaient contrôlés. La vinification dépendait de la législation générale sur les vins. D'où la mention "vins issus de raisins de l'agriculture biologie" et non l'appellation officielle de vin bio. Par dérogation, qui prend fin en septembre 2012, la mention et le logo AB pouvaient figurer sur l'étiquette. D'où aussi l'urgence à trouver un terrain d'entente au niveau européen pour une charte sur la vinification.
Cela fait maintenant quatre ans que des négociations sont engagées.
Les difficultés étaient de deux ordres.
Tout d'abord, les pays "nordiques" (Allemagne, Autriche...), parce que par traditions elles élaborent plus de vins blancs que de vins rouges (où les doses de SO² sont par obligation plus élevées que sur les rouges), étaient favorables à des doses permises assez élevées. Contrairement aux pays "sudistes (Italie, Espagne, France...) qui prônaient des doses plus "raisonnables".
Le résultat, ce sont des doses à peu près équivalentes à celle qui figuraient dans la charte (déjà existante, mais de droit privé) de la FNIVAB. Mais bien supérieures à celles préconisées par Nature&Progrès ou Demeter... Et je ne parle même pas de l'AVN...
L'autre problème est économique et politique.
Le gouvernement français pousse à la roue pour que la surface cultivée en bio progresse fortement (Grenelle). En soit, c'est plutôt positif. Sauf que pour tenir les objectifs, ils faut inciter les "gros" producteurs, et en l’occurrence les gros viticulteurs à franchir le cap. Et ceux-ci ont donc eu beau jeu de demander à ce qu'on ne change pas trop leurs habitudes et leurs processus de vinification. Et ils ont gagné...
De nombreux produits, jusque là interdits dans toutes les chartes de vinif (FNIVAB, Demeter, Nature&Progrès...) sont autorisés dans ce nouveau texte: Acide métatartrique, métabisulfites... entre autres. De plus, certaines pratiques, elles aussi interdites auparavant, seront autorisées: Osmose inverse, au hasard...
Conclusion, on pourra trouver des vins bios estampillés, mais qui n'auront rien à voir avec un "vrai" produit bio. Le consommateur risque donc fort de se faire berner. Surtout s'il achète son vin en GD. Car ce sont bien les seuls gagnants dans l’histoire... Ils vont pouvoir surfer sur la mode du bio en proposant des vins qui auront la couleurs du bio, mais qui, provenant de l'industrie viticole, seront bien éloignés de "l'esprit bio"...
J'espère avoir été clair. Si ce n'est pas le cas, n’hésitez pas à poser des questions, j'essaierai de répondre. Dans la limite de mes connaissances...