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le bouchon de liège fait son show !

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Ven 11 Juin 2010 13:48

Dure-dure la vie de bouchon : en matière de vin, on ne parle de lui – et de son goût – que s’il y a un problème. Si tout va bien c’est grâce au vin, si ça ne va pas, c’est la faute du bouchon… Pourtant il se laisse comprimer et oublier des années durant. oui, mais le bouchon est un outil qui ne doit pas faire défaut. Et comment ne pas lui en vouloir quand il gâche une belle bouteille longtemps attendue ?

Alternative et concurrences
Depuis le XVIIIème siècle et jusqu’à la fin des années 1990, le bouchon de liège a régné sans partage sur les bouteilles de vin. Le risque du vin bouchonné a été associé au geste de déboucher une bouteille. Puis sont arrivés les bouchons sans liège, synthétiques ou à vis. Les nouveaux pays producteurs l’ont adopté (la capsule à vis dominerait 90 % du marché en Nouvelle-Zélande), les pays doté d’une tradition vinicole s’y sont résolus, parfois, pour certains vins, les blancs et les rosés notamment, en tout cas ceux qu’on ne garde pas. Les bouchons synthétiques se sont attachés à ressembler à des bouchons de liège ou ont joué au contraire la carte des couleurs criardes, en contre-pied, surtout à l’étranger.

Questions de bouchons, questions de civilisations...
L’essor des alternatives au liège se heurtait à un obstacle : le manque de recul sur les performances de ces solutions pour les vins de garde. Or ils sont intervenus dans le paysage du vin au moment même où le Nouveau Monde a proposé une vision du vin qu’on boit jeune à des amateurs urbains qui disposent rarement d’une vraie cave à vin. Ces vins du Nouveau Monde sont souvent des vins de marque, plus que des vins de terroir, dont le processus de production doit garantir la qualité en se soumettant à des parcours d’amélioration continue qui le rapprochent de l’industrie. Comment, dans ces conditions, accepter un mode de bouchage qui induit un risque de défaut majeur à hauteur de 2 à 10 % ? « Aucun fabricant d’automobiles n’accepterait ce taux sur les systèmes de freinage de ses voitures ! » métaphorent les producteurs de bouchons synthétiques. Si le constat manque de romantisme, il correspond à la réalité de la consommation actuelle de vin et a eu le mérite de motiver les producteurs de liège pour limiter la présence des molécules responsables du goût de bouchon : le trichloroanisole et ses variantes (TCA).

De la recherche à l'image
De leur côté, les producteurs de bouchon de liège ont investi massivement dans la recherche et le développement pour limiter ce même taux. On a d’abord découvert que certains vins étaient déjà bouchonnés alors qu’ils n’étaient pas encore en bouteille : la faute aux produits de traitement du bois des charpentes des chais dans lesquelles on les conservait en barrique et qui laissaient filtrer des molécules cousines du TCA. Mais couper court aux accusations mensongères ne suffisait pas, il a fallu aussi développer des systèmes de lavage et de purification, de bouchons entiers ou reconstitués, pour évacuer ces TCA.

Difficile aujourd’hui de mesurer le nombre de bouteilles bouchonnées : les concours de dégustation proposent des statistiques aux dires desquelles entre 2 et 10 % des bouteilles sont marquées par un défaut imputable au bouchon de liège. Au-delà du vin clairement bouchonné, la contamination au TCA peut être plus subtile, pas assez perceptible pour être attribuée au bouchon, mais juste assez pour donner seulement au vin un côté pas net de vieux bois ou de carton mouillé. C’est sans doute là qu’elle fait le plus mal au vin et du côté des producteurs de liège, on continue à chercher des solutions pour garantir des bouchons toujours plus fiables. Au demeurant, l'image du bouchon de liège reste associée à un vin de qualité, même sur les marchés anglo-saxons : le New York Times a posé la question à ses lecteurs : 98 % des répondants ont déclaré préférer le liège ; en France, d'après un sondage Ipsos pour la Fédération Nationale du Liège, 89,3 % des Français préfèrent le bouchon de liège.

Des lynx dans les suberaies
Et on insiste sur tous les autres atouts du liège : produit naturel, produit historique, produit respectueux de l’environnement. Avec son bilan carbone imbattable, sa contribution à la biodiversité de l’arc méditerranéen , ses multiples applications, le liège déroule une campagne de sensibilisation à ses avantages pour la planète. Recyclage des bouchons, pétition pour les forêts de chêne liège (ou suberaies, refuges du lynx ibérique) avec le soutien de Yann Arthus-Bertrand , strip-tease en version homme ou femme , ou site d'information (http://www.planeteliege.com), le liège "toujours imité, jamais égalé" vous réserve bien des surprises cet été, avec un campagne orchestrée par la Fédération Française du Liège. Cette dernière sera présente à Bordeaux, dans un pavillon découverte consacrée au liège durant le festival Bordeaux Fête le Vin (24-27 juin 2010). Au programme, une exposition en forme de suberaie et un atelier de sensibilisation au recyclage.

Anne Serres
http://www.vitisphere.com
La vérité est dans la bouteille ..( Lao Tseu )
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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