Dans toutes les appellations du Bordelais, les commentaires sont unanimes: le millésime 2009 va donner des vins de grande allure.
Cette qualité sera-t-elle suffisante pour relancer un marché plombé par les stocks et des prix de vrac très bas? Rien n’est moins sûr.
En effet, dans les appellations régionales de type bordeaux rouge et côtes, les qualités sont irrégulières, et la hauteur des degrés alcooliques (15 degrés et plus, parfois, pour les merlots) entraine des déséquilibres de structure et des dérives aromatiques. Mais pour les grands terroirs, la réussite est générale, comme l’expliquent trois œnologues girondins de terrain.
Gilles Pauquet, œnologue du Libournais, particulièrement axé sur les grands crus de Pomerol et Saint Emilion: "Mise à part la grêle du 13 mai, on a eu des conditions climatiques exceptionnelles, sans canicule, avec une pluviométrie autour de 700 millimètres, et de la pluie au moment où il fallait. Le seul problème fut le mildiou, mais la vendange était si saine qu’on aurait dit du caviar. Tout s’est fait dans la joie et dans la bonne humeur. Malgré l’alcool, le vin aura de la fraîcheur et du fruit. Il n’y aura pas besoin de l’élever 24 mois dans le bois..."
Antoine Médeville, œnologue dans le Médoc, où il dirige le laboratoire Oenoconseil de Pauillac: "Les vendanges ont duré un mois et demi et les derniers petits verdots ont été ramassés fin octobre. Les meilleures cuves, c’est clair, sont sur les cabernets sauvignons, mais les merlots sont plus homogènes. On a eu un été de rêve, avec un ensoleillement continu du 14 juillet au 20 octobre, j’ai rarement vu cela. Il a fait chaud le jour et frais la nuit, rien à voir avec 2003. On aura des vins équilibrés, des vins de garde avec des tanins ronds et soyeux. Il y a de bons rendements au nord de Pauillac, autour de 50-55 hectolitres par hectare, mais un peu moins au sud, autour de 40-45 hectos/hectare."
François Despagne, œnologue et viticulteur à Saint Emilion: "Nous avons des degrés alcooliques élevés, mais une concentration et une acidité qui vont maintenir la fraîcheur. Le vin sera vineux, onctueux, d’une grande richesse, sans être brûlant. C’est un profil assez proche du 2005. Le scénario idéal aurait été d’avoir la pluie début septembre, mai il reste que c’est un grand millésime, avec des tanins suaves, et un côté gras apporté par l’alcool."
http://www.lejournalduvin.com/actualite ... 552.FR.php