Dans le cadre de la deuxième Semana Francesa, des soirées culturelles sont organisées tous les soirs au sein de la Bibliothèque du Sofitel. Jeudi soir, Jean-Edouard de Rochebouët, directeur de Cave Extreme, co-associé de la Bodega Atamisque et président de la Chambre de Commerce Franco-Argentine, animait la rencontre autour de la dégustation et de la présentation de vins. Récit
Dans l'ambiance feutrée et intimiste du café Arroyo de l'hôtel Sofitel, des cadres sortant du bureau, de jeunes couples et des amies viennent savourer un moment de culture et de détente. Déjà , les tables sont dressées pour la dégustation et laissent présager une soirée très agréable : deux verres à vin, 1 flûte à champagne et un verre à eau. Victoria et Natalia, confortablement installées dans un canapé de velours rouge, ne se connaissaient pas avant la soirée. Pourtant, elles partagent déjà leurs premières impressions. La première, présente la veille au forum des entreprises au Palacio Duhau, confie avoir « entendu parler de la dégustation de vins qui aurait lieu jeudi » et ajoute : « J'ai eu très envie de venir ». La seconde a découvert la Semana Francesa en « allant sur le site de l'Ambassade de France en Argentine » et précise : « J'avais envie de goûter les vins de la Bodega Atamisque».
24 ans en Argentine
Jean-Edouard de Rochebouët fait son entrée et se présente brièvement : « Cela fait 24 ans que j'ai posé mes valises en Argentine » dit-il. C'est avec John Du Monceau, ancien vice-président du Groupe Accor, qu'il investit en 2004 dans plusieurs hectares de terres à Mendoza, dans la localité de San José dans la Commune de Tupungato. En 2006, il devient co-associé de la Bodega Atamisque. Il précise : « La bodega est située à l'entrée de la Vallée de Uco et tient son nom d'un arbuste que l'on trouve sur le domaine ». Après avoir cité les avantages touristiques de Mendoza, il s'insurge contre les agences de voyages qui prévoient « deux jours pour visiter la ville avec un arrêt dans quatre bodegas minimum au quotidien ». Il ajoute en souriant : « Une ou deux bodegas à visiter par jour, c'est plus divertissant! »
Secrets de fabrication
A Mendoza, les conditions climatiques sont très bonnes. En effet, explique Jean-Edouard de Rochebouët, « le plus important, pour donner du goût et des saveurs au vin, c'est l'amplitude thermique - différence de degrés centigrades entre la journée et la nuit – qui ne doit être ni trop grande, ni trop faible, soit autour de 15 degrés ». Après une rapide évocation des vins du reste du pays, il avoue avoir un faible pour celui « du Rio Negro plus que celui de San Juan », confie-t-il.
Chardonnay blanc 2008
La première dégustation est un vin Chardonnay blanc datant de 2008. La mention Catalpa qui figure sur l'étiquette provient « du nom d'un arbre de 12 mètres de hauteur que l'on trouve dans le parc de la Finca », précise-t-il. Soudain, les langues se délient : mes voisines de droite s'emballent sur son goût « très fruité »; la jeune femme à ma gauche, Victoria, une avocate, le trouve « délicieux » et son voisin ajoute qu'« il n'a pas goûté un vin aussi doux depuis des années ». Jean-Edouard de Rochebouët ajoute que le vin doit être servi « à bonne température » et il précise qu' « un vin contenant 15 degrés d'alcool, servi à une température de 25 degrés, est très agressif pour le palais ».
Malbec rouge de 2008
Puis, nous goûtons un Malbec Rouge 2008. C'est l'occasion pour notre orateur de donner quelques informations sur le Malbec. Tout d'abord, il précise que « le Malbec est le cépage français principal des vins de Cahors » mais il est plus cultivé en Argentine qu'en France. En effet, l'Argentine compte 25.000 hectares de Malbec alors que la France en compte 16.000. Il ajoute que le Malbec est un vin très irrégulier car il en existe « plus de 22 variétés différentes ». En conséquence, il conseille au néophyte de redoubler de prudence lorsqu'il se retrouve devant une carte des vins comportant plusieurs Malbec. « Le mieux, conseille-t-il, c'est de reporter son choix sur un autre cépage: un Cabernet Sauvignon par exemple ». A la différence de la France, il rappelle qu'il n'y a pas en Argentine la culture « du vin que l'on fait vieillir plusieurs années en cave pour qu'il soit meilleur». En effet, les vins argentins se consomment jeunes. Il précise : « Je ne vous garantis pas qu'une bouteille de Malbec produite en Argentine sera meilleure dans 15 ans ». Il mentionne une autre différence avec la France : « Il n'y a pas d'informations fiables sur les vins comme en Europe ». Il ajoute : « Mieux vaut se faire sa propre expérience ».
Finissons en beauté
Pour terminer, nous enchaînons sur la dégustation d'une coupe de Champagne ou vino espumante. Ma voisine m'explique l'origine du mot espumante qui signifie « écume » en castillan. Comme le rappelle Jean de la Rochebouët, le champagne est un vin à l'origine. Mais à la différence du vin, le processus de fabrication du champagne comprend une double fermentation. Il explique qu'en France, la région qui produit le Champagne comprend 13 départements et trois cépages qui sont le pinot noir, le chardonnay et le pinot meunier. Le sol champenois est « très pauvre », précise-t-il, contrairement au sol argentin, très riche. Toutes les conditions sont donc réunies sur le sol argentin pour produire du bon Champagne et au nombre de personnes qui lèvent le doigt pour en redemander, on veut bien le croire !
Texte de Claire CHAUVEL (http://www.lepetitjournal.com - Buenos Aires) le 2 novembre 2009
http://www.lepetitjournal.com/content/view/48945/303/