Petit match "amical" entre deux Bordeaux de belle réputation dans le millésime. Des vins que je n'ai plus revisités depuis environ 3 ans: Talbot 1986 et Cos d'Estournel 1986 (voir rubriques respectives).
Compte-rendu comparatif.
Le niveau du Talbot est bas du goulot. Celui du Cos est encore à mi-haut goulot (env. 1.5cm sous le bouchon). Les bouteilles sont ouvertes deux heures avant de passer à table, non carafées. Le bouchon de Talbot est imbibé presque en totalité, alors que celui de Cos est comme neuf, à peine imbibé sur quelques milimètres..
Aspect
Talbot: robe relativement évoluée, rubis avec des reflets fauve, moyennement profond.
Cos d'Estournel: couleur rubis très sombre. Aucun signe d'évolution.
Nez
Talbot: peu agréable.. sanguin, légèrement métallique, confinant à des odeurs d'écurie qui, heureusement, disparaissent après un moment dans le verre. Deuxième nez de fruit cuit, d'âtre froid et de goudron.
Cos d'Estournel: assez fermé, fruits rouges, girofle, tabac. Prend de l'ampleur et de l'expressivité tout au long de la soirée, comme sortant lentement d'une longue hibernation. Très peu d'arômes tertiaires.
Bouche
Talbot: bonne entame, sphérique sur un fruit mûr et des tannins intégrés. Le milieu de bouche se déstructure un peu, manque un peu de netteté. Finale d'abord marquée par une astringence qui domine les autres composants, avant de retrouver un certain équilibre sur une saveur un peu orientale (épices et bois précieux). Moyennement persistant.
Cos d'Estournel: grosse matière jouant sur des fruits rouges encadrés par des tannins encore marqués. Milieu de bouche dense, assez compact. Le seconde moitié de bouche se développe sur un fruit plus suave, plus sapide avec une sensation que le vin "roule en bouche". Finale harmonieuse et équibrée, caractéristique des grands Bordeaux classiques. Belle longueur.
Commentaire
Talbot: une bouteille en-dessous de mes souvenirs précédents. Ne semble pas clairement sur le déclin, mais ne gagnera plus rien à attendre.
Cos d'Estournel: une bouteille d'une jeunesse insolente (faisait 10 ans de moins), taillée pour défier le temps (bouchon et niveau parfaits), comme touchée par une certaine grâce. Celle bue il y a trois ans était clairement plus évoluée. Les hasards d'un embouteillage idéal font qu'on croise, parfois, de telles bouteilles qui semblent insensibles à toute évolution logique..