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Vin et histoire : Joséphine appréciait-elle les Bordeaux ?

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Ven 27 Nov 2009 20:04

L’inventaire de cave au décès de l’impératrice Joséphine, complété par les registres des fournisseurs donnent une idée précise de l’usage du vin à Malmaison, une des tables les plus renommées du temps.

Malmaison, modeste château aux portes de Paris, maison de campagne de Napoléon quand il n’était encore que Premier Consul - dans les toutes premières années du siècle, le 19° - puis, remanié, embelli, entouré d’un parc remarquable, domaine personnel de l’Impératrice Joséphine. Ayant un goût très sûr, elle transforme sa demeure en un château musée doté de riches collections .

Y être reçu est un honneur recherché même après le divorce impérial. C’est aussi un plaisir. A coté des choses de l’esprit, la qualité de la table n’est pas l’un de ses moindres attraits et la cave y contribue. Joséphine est volontiers accueillante, au point que le nombre des convives oblige parfois à remettre le couvert. Soucieuse de sa renommée, lorsqu’elle accueille des "gastronomes de la première distinction", l’Impératrice s’assure elle-même qu’on leur sert leurs mets préférés.

La Cave de l’Impératice
Le décès de Joséphine, le 29 mai 1814, entraîne un inventaire de ses biens. Coté cave , c’est une photographie précise de ce que boit et sert un grand de ce monde. Les livres de comptes du château et ceux des fournisseurs complètent l’information. Le Musée de la Malmaison en fait le thème central d’une exposition, "La Cave de Joséphine"(*), qui embrasse le vin et son service de la fin de la Royauté jusqu’à l’aube du Second Empire.

L’inventaire recense 13 000 bouteilles. En contre point, la créance de son fournisseur presque exclusif, atteint 14 000 francs, ce qui en fait le troisième créancier de la succession. C’est considérable à une époque où la bouteille des châteaux Margaux, Latour ou Lafitte déjà premiers crus du Médoc, coûte moins de 2 francs.

La cave est composée à 45% de Bordeaux dont une part encore en barrique bien que s’agissant des plus grands crus .

A coté de cette prééminence, peut-être liée au gestionnaire plus qu’aux goûts impériaux, l’élément remarquable est la diversité des approvisionnements, entre les régions de France et entre les origines étrangères. Les plus grands vins bordelais et bourguignons voisinent avec les productions des meilleures maisons de Champagne. Les Côtes du Rhône et les vins du Roussillon côtoient ceux de la Méditerranée, Chypre, Calabre ou Grèce. Les vins du Rhin et les Tokay rivalisent avec ceux de Constance (Afrique du sud), de Madère, de Porto ou de Malaga. Les vins liquoreux tiennent une place importante, environ 3000 bouteilles, ce qui traduit la persistance des goûts du 18° siècle. Les rhums et liqueurs des îles rappellent les origines de l’Impératrice, encore que les souvenirs de ses proches la décrivent d’une extrême sobriété, préférant la limonade ou des infusions.

Un nouvel art du vin
L’exposition s’attache aussi à montrer l’évolution qui touche le monde du vin au cours du demi-siècle qu’elle couvre .
C’est d’abord la manière de le servir au cours du repas qui change, pour le couper d’eau – chose courante à l’époque - les pratiques évoluent puis, pour la présentation des plats, le "service à la russe" (l’actuel est une version allégée de cette pratique en réalité d’origine anglaise) se substituant à celui "à la française", les harmonies entre les vins et les mets apparaissent mieux.

des bouteilles, des étiquettes
Les progrès de l’industrie diversifient les bouteilles. Les formes caractéristiques se stabilisent. Chaque modèle est porteur de l’identité et de la culture de ses producteurs et de ses consommateurs. Les bordelais inventent le modèle cylindrique, appelé à l’origine frontignane. Sa forme est pratiquement fixée en 1825 quand le Marquis d’Aligre en fait souffler pour son château Bel Air. La Bourgogne et la vallée du Rhône restent plus proches des formes anciennes. Les Champenois conservent une forme analogue mais l’habillent pour souligner le prestige du vin. Ce sont les débuts des étiquettes. Les négociants qui assurent l’essentiel des mises en bouteilles vont pouvoir les généraliser grâce à l’invention de la lithogravure

... et des verres
Seaux à rafraîchir, rafraîchissoirs à verres, bols à punch, en cristal et en orfèvrerie illustrent le prestige des arts de la table et voisinent avec les exemples les plus réussis des productions de verres, témoins des progrès de la cristallerie française.

(*) La Cave de Joséphine, le vin sous l’Empire à Malmaison – 18 novembre 2009 – 8 mars 2010. L’exposition sera présentée ensuite au Musée Napoléon Thurgovie en Suisse et au Museo Napoleonico de Rome.

Jean Pierre Dubarry
http://www.bordeauxactu.com/VIN-HISTOIR ... ,6366.html
La vérité est dans la bouteille ..( Lao Tseu )
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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