Malgré de très bonnes récoltes 2009, les vignerons nantais restent inquiets devant l'état du marché.
On va mettre plusieurs années à reconquérir certains marchés ». Dans un vignoble encore fragile, cette analyse d'Emmanuel Torlasco, directeur d'Interloire, sonne comme un appel à la mobilisation générale. Le message, adressé aux quelque 500 viticulteurs du muscadet et du gros-plant réunis hier en assemblée au Landreau, est clair. « On est dans une année charnière, il faut un rebond », déclare sans détour Joël Forgeau, président du Syndicat de défense du muscadet.
En cause ? La chute vertigineuse des stocks après deux années difficiles dont des récoltes 2008 catastrophiques. Au 31 juillet dernier, les stocks avaient baissé de 11 % chez les producteurs et de 40 % en négoce. Un manque qui a considérablement tendu le marché en faisant augmenter les prix. À titre d'exemple, le litre de muscadet Sèvre et Maine a augmenté de 52 % (4,52 € le litre).
Ventes en baisse
« La vente en grande distribution en a souffert avec une baisse de 44 %, note Emmanuel Torlasco. On a aussi un problème sur nos vins d'entrée de gamme : ils ont disparu des rayons faute d'approvisionnement. Le muscadet sur lie (positionné sur la moyenne gamme) s'en sort un peu mieux avec un recul de 29 % des ventes ». De son côté, le gros-plant subit le même type de baisse mais dans une moindre mesure.
Face à ces résultats « inquiétants », dixit les présidents de syndicat muscadet et gros-plant, l'heure est à la reconquête. En ligne de mire, la grande distribution qui a bien plus réagi à cette crise que la vente directe, moins sujette aux variations de prix.
Interloire a d'ores et déjà annoncé un plan de relance avec une grande campagne de communication en juin prochain. « Ça ne sert à rien de la lancer dès maintenant, explique Emmanuel Torlasco. En décembre, le marché est saturé et les acheteurs ont déjà fait leur catalogue. Mais on va continuer à les solliciter régulièrement ». « On va bien préparer cette campagne, abonde Joël Forgeau. Devant un marché désorganisé, le risque serait d'attendre de voir. Il faut que ça reparte, les consommateurs sont demandeurs ». D'autant que les récoltes 2009 s'annoncent excellentes.
Tenir la stratégie
Reste à savoir comment vont réagir les négociants et autres intermédiaires qui, pour l'heure, ne se bousculent pas dans les chais. « Ils pourraient laisser les prix chuter, craint Emmanuel Torlasco. Cela serait dommageable à notre entrée de gamme : on ne veut plus de vin à 1,50 € voire 1€. Désormais notre premier prix est à 2,50 €. Malgré tout, il faut qu'on tienne cette stratégie ».
Etienne Mvé
Repères
610 000 hectolitres : c'est la récolte estimée cette année en muscadet, contre 299 000 hl en 2008 .
Elle est de 90 000 hl en gros-plant, contre 45 000 hl en 2008.
550 000 hectolitres : c'est le volume espéré de commercialisation cette année, il atteint 326 000 hl en 2008-2009.
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