Rémi Jarthon et Thibault Desages, 20 ans à peine, ont créé leur société de rénovation de barriques usagées. Une activité appelée à se développer
En arrivant à Lignan-de-Bordeaux, par une route de campagne, à 20 kilomètres à l'est de la préfecture se trouve la Tonnellerie de l'Entre-deux-Mers (Tedem). Une vieille grange d'exploitation et deux cabanes de chantier servent d'outil de travail, de bureau et de réfectoire à Rémi Jarthon et Thibault Desages (1).
BTS commercial en poche pour le premier et CAP tonnellerie pour le second, les amis d'enfance se sont installés chichement en janvier, en pleine tempête de mévente de vin. « La décision était prise dès mars 2008, car l'envie de nous mettre à notre compte était là . Nous parions sur l'essor du marché de la rénovation de la barrique, car neuve c'est un bien cher », argumente Rémi Jarthon qui a envoyé 3 200 mails pour se faire connaître.
Les barriques de 225 litres sont très utilisées en Bordelais pour l'élevage des vins, le bois de chêne donnant une texture et un boisé variables suivant l'intensité de la chauffe choisie (la partie intérieure est chauffée par le tonnelier). Mais cela à un prix : environ 600 euros pour une barrique qui élèvera 1, 2 ou 3 vins suivant les choix techniques.
Ce créneau de la barrique neuve, florissant depuis une décennie - avec la France leader mondial -, connaît un sérieux trou d'air. En parallèle, le marché de la rénovation s'est développé ces dernières années, avec par exemple Thales à Gradignan ou Barena à Ambès.
Aucun produit chimique
Tedem est donc un nouveau venu avec un credo simple : aucun produit chimique et priorité au travail manuel. La barrique usagée démontée, chaque douelle (une trentaine par fût) est rabotée à l'intérieur pour retirer la couche de bois exploitée par les précédentes utilisations. « Dans le sens du fil, nous enlevons environ 3 millimètres sur les 27 d'épaisseur originelle », expliquent les associés qui ont investi 30 000 euros dans cette création, avec des aides des collectivités locales et le soutien de la Société générale, « car le Crédit agricole ne nous a pas pris au sérieux ».
La barrique est ensuite poncée à l'extérieur et reconditionnée, avec une nouvelle chauffe si nécessaire, un contrôle de l'étanchéité et un coup de vapeur pour une désinfection. L'efficacité finale de l'élevage des vins dans de telles barriques - par rapport au neuf - fait l'objet de rudes controverses d'experts. « On retrouve les qualités équivalentes d'une barrique ayant élevé un vin », assurent les associés.
Question prix, l'économie est là : 150 euros HT (offre à 110 euros jusqu'à fin 2009) pour une barrique que le vigneron fait rénover ; et 195 euros (offre à 140 euros) pour l'achat d'un fût d'origine autre. « 500 à 1 000 fûts à rénover en 2010 nous feraient décoller », assure-t-on à Tedem, qui propose aussi une activité de jardinière pour les bois en fin de vie.
(1) http://www.tedem.fr
César Compadre
http://www.sudouest.com/accueil/actuali ... 70769.html