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« Cette année, ce sera dur de faire du mauvais vin »

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Jeu 15 Oct 2009 07:22

C'est la fin de la matinée, Régis Lansade est perché sur une échelle, avec un grand bâton, il malaxe son raisin, comme s'il remuait une soupe géante. Il dit : « Approche-toi, et sent. » On plonge le nez dans la mélasse : d'abord, l'odeur du fruit en marmelade, puis une charge de gaz, qui pique les yeux. C'est l'effet de la fermentation, déjà. Les vendanges, ce n'est pas que l'image poétique du vigneron qui ramasse les grappes que la nature lui donne. C'est aussi le début de la vinification, par le « pigeage » : le raisin est mis en cuve, immédiatement après la récolte, pour que le transfert des pigments et des tanins contenus dans la peau et les pépins commence à s'opérer. Se forme alors un épais « chapeau de marc », encore noir.

« Laisser parler le raisin »

Chez Régis, à Pécharmant, sur les hauteurs de Creysse, le raisin est ainsi macéré pendant un mois, parfois trois semaines, c'est selon. Puis ce sera le temps de presser le marc. Cette année, les vendanges étaient en avances. « Ça va vachement vite. On est déjà tous dans les chais. » Il a un regard gourmand. Et défiant. « Cette année, ce sera difficile de faire du mauvais vin. »

Pour élever son vin, son estimé Chemins d'Orient, Régis Lansade ramasse à la main, ce que permettent ses 4 hectares. Sinon, il utiliserait la machine, la mort dans l'âme. Il a ramassé à la main, dans des cagettes, à sa manière : en dorlotant les graines, pour qu'elles ne s'éclatent pas. « Le jus ne doit pas être au contact de l'oxygène, sinon ça pourrit. » Il sourit de cette pose « un peu intégriste », lui qui refuse les « artifices de chais », microbrûleurs ou polysaccharide. Il dit : « Je veux laisser parler le raisin. » Comprendre : ne pas ajouter au vin ce que le fruit ne lui a pas donné. La peur du goût uniforme.

Aujourd'hui, il vendange son dernier rang de cabernets-sauvignons. Ici, c'est la limite régionale où ils peuvent mûrir. Les merlots sont rentrés. Tous les jours, ces dernières semaines, il a croqué dans les graines, en attendant que le goût de la chair soit assez sucré, que celui du pépin soit celui de la noisette et que la peau révèle déjà tout son tanin. « Là, il est prêt. »

« Cette arrière-saison est merveilleuse. Elle nous a permis d'amener les raisins à une excellente maturation, c'est rare, on a souvent du mal », explique l'ancien chirurgien de guerre, devenu oenologue en 1994 et viticulteur il y a dix ans. Il lit dans les grosses grappes pleines « la qualité, la quantité » du vin 2009.

Auteur : Adrien Vergnolle
http://www.sudouest.com/dordogne/actual ... 35536.html
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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